Surprise sympathique que ce Dénommé Gospodin de l'Allemand Philipp Löhle. Même si le texte ne brille pas par son originalité, la mise en scène fébrile et les acteurs talentueux sauvent le spectacle.

Gospodin court et court pour échapper à la société capitaliste. Il se fait enlever son seul moyen de subsistance, un lama, se fait larguer par sa copine et doubler par ses amis. Incompris, ridiculisé, il maintient le cap : l'argent et le travail ne sont pas nécessaires pour être heureux.

Depuis les années 60 et le modèle hippiesque, le vieil idéal repris par Gospodin a perdu son attrait révolutionnaire. Et même si le questionnement demeure pertinent dans notre société de marché hyper pragmatique, le texte bavard de Philipp Löhle n'offre guère de perspectives nouvelles.

Le traitement qu'en font les artisans de la pièce permet toutefois de susciter quelques pistes de réflexion inhérentes à ce genre de proposition.

Apartés, personnages secondaires très colorés, narration au micro, musique en direct, éclairages syncopés... Tout est mis en oeuvre pour favoriser la distanciation face à des situations, en fait, platement réalistes.

Surlignant l'humour absurde du texte, la mise en scène dynamique de Charles Dauphinais et les talentueux comédiens Steve Laplante, Bruno Marcil et Marie-Ève Pelletier savent nous ramener à l'essentiel : le paradoxe humain dans toute sa splendeur.

Y a-t-il une autre façon de vivre en société aujourd'hui ? Peut-on s'éloigner des modèles d'exploitation et de consommation capitalistes sans faire l'objet d'une forme ou une autre d'exclusion ?

On rit franc, on rit jaune. Puis, on frappe un mur. Aucune solution n'émerge vraiment des rêves un peu fous de Gospodin. Et la liberté n'est pas toujours là où on le croit.

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Dénommé Gospodin

De Philipp Löhle

Traduction d'Anissa Lahyane et de Jean-Philippe Lehoux

Mise en scène par Charles Dauphinais

Au Théâtre de Quat'sous

jusqu'au 19 février

3 étoiles