Après Ils étaient quatre, voici Cinq à sept de Mani Soleymanlou, le metteur en scène qui sait compter. Il sait conter aussi, cette fois, avec l'aide de trois comédiennes - quatre moins une en raison de la grossesse de Bénédicte Décary - qui ont accepté de servir au canevas de base de la pièce coécrite par Fanny Britt: Julie Le Breton, Kathleen Fortin et Geneviève Schmidt. Cinq à sept n'est pas la suite de la pièce précédente. Autrement dit, les trois filles ne connaissent pas les quatre gars d'Ils étaient quatre. Pas encore du moins...

Julie Le Breton

«C'est très personnel. C'est la première fois que je fais quelque chose d'aussi près de moi. On part du très intime pour aller vers l'universel. C'est une façon de travailler de Mani qui lui est propre. On sort de l'anecdote pour trouver la théâtralité sans quatrième mur. C'est un spectacle résolument drôle. On rit beaucoup, puis on est bouleversés à la fin. Au début, on a vraiment fait des 5 à 7 avec Mani et Fanny pour parler et refaire le monde en prenant un verre. Contrairement aux gars qui sont amis dans Ils étaient quatre, on ne se connaît pas vraiment, les filles. Le personnage que je joue est plus de bonne humeur que moi dans la vie. J'ai joué des femmes sanguinaires au théâtre ces derniers temps, mais là, je suis plus positive, solaire. C'est quelqu'un qui croit en tout, en l'amour, en la vie. Mais on est au théâtre, pas chez le psy ou en thérapie. Il y a du vrai et du moins vrai. Ça reste flou, ce qui vient de nous ou pas.»

Kathleen Fortin

«J'avais de petites inquiétudes au début à l'idée de parler de moi. C'est comme un selfie de soi-même, à un moment donné. Je suis plutôt discrète de nature, mais, en fait, il s'agit d'archétypes, les personnages que l'on crée. Il y a des trucs qu'on exacerbe un peu pour montrer le grotesque de certaines situations. C'est dans l'exécution, les changements de ton et de rythme que le spectacle est original. Le plaisir est beaucoup là-dedans. Je suis toujours très sensible au rythme. Je sais quand ça tombe et quand il faut maintenir l'intérêt des spectateurs. Ce n'est pas un spectacle revendicateur. On va chercher nos préoccupations personnelles pour les faire se confronter. J'aime toucher à tout, du répertoire à la création. Mon professeur à l'École, Jean-Louis Millette, m'avait dit qu'il ne faut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. Je trouve ça plus enrichissant.»

Geneviève Schmidt

«C'est la première fois que je fais une création. C'est un bonheur, et j'espère que ce ne sera pas la dernière. On ne se regarde pas le nombril là-dedans, mais celui des femmes en général, de notre génération et de notre société. Qu'on le veuille ou non, le texte nous touche. C'est plus près de nous, donc ça vibre tout le temps quand on le joue. C'est intimidant parce que j'ai toujours besoin du quatrième mur, mais c'est un maudit beau défi. Je le souhaite à tous les acteurs. C'est un niveau de jeu très intéressant. Il y a de mes angoisses personnelles là-dedans, mais je sais que, dans la salle, ce sont les mêmes pour 97% des gens. Le public et nous, on plonge dans notre tête et dans notre coeur. Il y a tellement de changements d'émotions. En quatre minutes, je peux avoir parlé de cul, de salade-repas et d'audition ratée. Ça fait du bien de voir des filles en jeans et en runnings s'exprimer et parler des relations hommes-femmes.»

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À l'Espace Go du 17 novembre au 5 décembre