Le Conseil québécois du théâtre sonne l'alarme: les artistes issus de l'immigration, des communautés culturelles et les Autochtones sont largement sous-représentés dans le sixième art au Québec. À la veille de son 13e congrès, l'organisme a publié une étude inédite qui démontre le peu de place qu'on leur accorde. Objectif: brasser le milieu afin de trouver des solutions «porteuses et inclusives».

Entre le 1er septembre 2014 et le 31 août 2015, seulement 11% des artistes qui ont travaillé en théâtre au Québec étaient issus des communautés culturelles ou autochtones, selon l'étude menée par le Conseil québécois du théâtre (CQT), qui a analysé 208 productions théâtrales présentées dans 37 lieux de diffusion de la province.

Ces artistes dits de la diversité sont autant des interprètes que des auteurs, des metteurs en scène et des concepteurs.

Alors que les personnes issues des communautés culturelles forment 33% de la population montréalaise, les compagnies de théâtre établies à Montréal n'ont donné que 10,5% de leurs contrats à des artistes issus des communautés culturelles ou à des autochtones.

«Ceux-ci ont été largement sous-représentés au sein des productions théâtrales des compagnies établies dans cette ville», juge le CQT. Pour les interprètes seulement, 103 contrats ont été signés avec des artistes issus de la diversité, contre 796 avec des artistes québécois dits «de souche».

Artistes autochtones

Selon le CQT, les principales difficultés auxquelles font face les artistes autochtones sont le caractère stéréotypé des rôles qu'on leur offre, le sentiment d'exclusion qu'ils ressentent face aux artistes québécois dits de souche et le sentiment d'être fréquemment sollicités pour jouer le rôle de «l'Indien».

Parmi les artistes dits de la diversité qui ont travaillé pendant la saison 2014-2015, les Autochtones forment une infime minorité, note aussi le CQT.

Dans son rapport, l'organisme a établi les principaux obstacles qui bloquent l'accès des communautés culturelles et des autochtones au milieu théâtral.

Selon le CQT, ces communautés travaillent moins que les artistes québécois dits de souche et développent ainsi moins leurs habiletés et leur réseau professionnel.

Ils sont aussi moins sollicités par les compagnies de théâtre en raison d'un réseau professionnel restreint. Par conséquent, leur présence est moindre sur scène, ce qui rend plus difficile leur repérage par les metteurs en scène et les directeur de casting.

Enfin, leur faible présence sur scène incite moins la relève issue de ces communautés à s'inscrire dans les écoles de théâtre et à être active en théâtre.

Plus ouverts, les anglos?

Aux yeux des artistes issus des communautés culturelles et des communautés autochtones, les anglophones seraient plus enclins à mettre en place des processus encourageant leur insertion dans le monde théâtral. Ainsi, les anglos organiseraient plus de «colour-blind castings», des auditions ouvertes à tous les acteurs, peu importe leur origine ethnique.

Si le CQT s'inquiète du peu de place accordé aux artistes issus de la diversité et des communautés autochtones dans le théâtre québécois, son plus récent rapport note aussi l'absence de ces communautés des salles de spectacle. «Attirer des spectateurs des différentes communautés ethnoculturelles représente un défi de taille, qui plus est une nécessité pour l'avenir du théâtre québécois.»