Le Rideau Vert tire son épingle du jeu en misant sur le rire et en présentant un Feydeau dans cette rentrée théâtrale marquée par d'importants sujets sociaux. Une réussite marquée par un très grand comique, Carl Béchard.

Monsieur part à la chasse, aux femmes, et perd sa place, auprès de la sienne. 

On peut résumer ainsi l'intrigue de cette pièce de Georges Feydeau en ajoutant que, malgré les quiproquos, mensonges, malentendus et revirements, tout le monde rentrera bredouille. Et que la morale sera sauve.

Moins connue que Le dindon, la pièce Monsieur Chasse! a néanmoins été le premier grand succès de Georges Feydeau en 1892. Les trois pièces qu'il a écrites, cette année-là, lui auront d'ailleurs valu le titre de «Roi du vaudeville». 

Donc, Duchotel (René Gagnon) trompe sa femme avec la femme de son ami Cassagne (Jacques Germain), pendant que sa propre épouse (Diane Lavallée) résiste - plus ou moins - aux avances de Moricet (Carl Béchard). 

Le noeud du «drame», où les personnages se croiseront sans tous se reconnaître, se déroule pendant une nuit folle dans une maison close tenue par une ancienne comtesse (France Castel) à la cuisse légère.

Distribution du tonnerre

Mais l'intrigue importe peu dans une pièce qui fait entendre, comme il se doit, le «Ciel, mon mari !», et qui mise sur le crescendo comique ainsi que la qualité des interprètes avant tout. Habillés - superbement, faut-il dire - par François Barbeau.

La mise en scène alerte de Denise Filiatrault et, surtout, le jeu des comédiens - avec l'accent français s'il vous plaît ! -, dont l'incomparable Carl Béchard, font rire du début à la fin.

Grand comique, Carl Béchard déploie une gestuelle, des mimiques et une énergie à couper le souffle.

Il vole littéralement le spectacle à chacune de ses présences sur scène, égalé en cela pendant quelques instants par une France Castel surprenante.

Il n'y a pas tant de portes qui claquent que de répliques qui frappent juste dans ce vaudeville. Dans le genre comique, Feydeau écrivait divinement. Il s'amusait notamment beaucoup aux dépens de la bourgeoisie, même si c'est quelque chose qu'on sent moins ici.

Mais du coup, on se met à rêver : et si tous les théâtres d'été retournaient à l'école et montaient des Feydeau ? Ciel !

De Georges Feydeau. Mise en scène de Denise Filiatrault. Avec Diane Lavallée, Carl Béchard, René Gagnon, France Castel. Au Rideau Vert jusqu'au 10 octobre