Le directeur artistique du Théâtre de la Manufacture, Denis Bernard, a dévoilé mardi le contenu de sa septième saison. Un programme solide comprenant une douzaine de pièces, ainsi qu'une nouvelle reprise de Tu te souviendras de moi, de François Archambault, qui sera jouée 85 fois durant la prochaine année.

Si la nouvelle saison de la Licorne paraît un peu moins abondante que celle des années précédentes, c'est que les compagnies invitées à la Petite Licorne y présenteront leur pièce sur une plus longue période, explique Denis Bernard, ce qui est en soi une excellente nouvelle.

L'an dernier, la quasi-totalité des 40 000 billets ont trouvé preneur, se réjouit le directeur artistique et général. Le nombre d'abonnements a également augmenté, ce qui est un peu à contre-courant de la tendance actuelle. «Ce n'est pas un hasard, c'est en lien avec l'action qu'on porte et la dramaturgie qu'on propose», estime Denis Bernard.

Cette année encore, le directeur artistique du Théâtre de la Manufacture propose un «théâtre citoyen», c'est-à-dire un théâtre qui aborde «des enjeux sociaux qui nous confrontent, précise Denis Bernard. Un théâtre où on peut se reconnaître, où notre conscience citoyenne est interpellée».

La saison débutera le 30 août à la Petite Licorne avec la pièce Normal, de Jean-Philippe Lehoux (Napoléon voyage). Un récit qui découle d'un concours où le jeune dramaturge a invité les abonnés à lui faire des suggestions de voyages improbables. C'est comme ça qu'il s'est retrouvé à Normal, petit bled de l'Illinois...

La Grande Licorne ouvrira quant à elle ses portes le 8 septembre avec une reprise de Tribus, de la dramaturge anglaise Nina Raine. La pièce créée en novembre 2014 fait le récit d'un garçon souffrant de surdité, évoluant dans une famille dysfonctionnelle. La pièce est mise en scène par Frédéric Blanchette.

Le thème de la saison, «les territoires intimes», vise à explorer «les zones plus troubles de la psyché humaine», nous dit encore Denis Bernard. Des pièces où l'on entre «dans l'intimité des personnages et dans leurs motivations profondes». Comme en fait foi la pièce Les événements de David Greig (Midsummer, Yellow Moon).

Le dramaturge irlandais s'est inspiré des attentats survenus dans l'île d'Utoya (en 2011), en Norvège, pour tenter de comprendre la violence de ces gestes. Le comédien Emmanuel Schwartz incarnera tous les personnages de la pièce, incluant le tueur. Il partagera la scène avec Johanna Nutter et neuf choristes, dont Monique Fauteux.

La pièce mise en scène par Denis Bernard débutera le 12 janvier prochain.

Mettre un enfant au monde

À partir du 7 mars, la Manufacture produira une pièce de l'Anglais Duncan Macmillan, qui, lui, entre dans l'intimité d'un couple qui veut avoir un enfant, mais qui se questionne sur le monde de fou dans lequel il naîtra. Maxime Denommée et Sophie Cadieux se donneront la réplique. Ils seront dirigés par Benoît Vermeulen.

La Licorne continue ainsi à plonger dans la dramaturgie anglo-saxonne. «Il y a plein de points communs avec leur dramaturgie, croit Denis Bernard. Ces histoires contemporaines, modernes, qui abordent des enjeux de société, nous rejoignent beaucoup. Ce sont des histoires humaines, qui sont traitées aussi avec humour.»

D'autres pièces sont attendues, dont la nouvelle création d'Annabel Soutar, Fredy, pièce documentaire qui s'intéressera cette fois à la mort de Fredy Villanueva, tué par des policiers dans le quartier Montréal-Nord en 2008. Marc Beaupré signera la mise en scène.

La dramaturge qui s'est fait connaître grâce à sa pièce Seeds - en recréant le procès d'un fermier de la Saskatchewan contre la multinationale Monsanto - a également présenté une pièce documentaire sur Hydro-Québec cet été dans le cadre du OFFTA.

Coco d'amour

Le comédien Mathieu Quesnel fera ses débuts comme metteur en scène. Il travaillera avec l'auteure Nathalie Doummar qui a écrit une comédie dramatique, Coco, mettant en scène une «gang» de cinq filles qui se questionnent sur leurs rapports à l'amour.

Enfin, après avoir accueilli les Contes urbains pendant 20  ans durant le temps des Fêtes, Denis Bernard a décidé de mettre fin à l'aventure de la compagnie Urbi et Orbi. Son cofondateur Yvan Bienvenue planche sur un nouveau concept de cabaret «Foirée Montréalaise», qui «célébrera la parole» différemment.

La pièce d'Annie Baker Les flâneurs célestes, mise en scène par Jean-Simon Traversy au Prospero il y a deux ans, sera représentée à La Licorne. Les pièces de Justin Laramée (Éloge de la fuite), Isabelle Vincent (La mort des éternels) et Catherine Léger (Voiture américaine), complètent la programmation.

François Archambault à Édimbourg

L'auteur François Archambault sera à Édimbourg la semaine prochaine pour assister à la lecture publique de sa première pièce écrite en anglais, The Walt Disney Project. La courte pièce d'une trentaine de minutes est une commande du Traverse Theater, qui a invité huit dramaturges à écrire sur le thème de l'avenir («Tomorrow»). Nous sommes en 2058. Trois militants canadiens-français décident de décongeler Walt Disney pour s'en servir comme leader afin de redonner espoir à la population devenue hypercynique. L'auteur de La société des loisirs dit avoir contourné la difficulté d'écrire en anglais en imaginant d'ex-francophones (assimilés par la majorité anglophone), qui parlent un anglais «imparfait», semblable au sien. Sa nouvelle pièce pour la Manufacture, dont le titre de travail est Crime sans châtiment, pourrait être traduite et jouée au Traverse Theater l'an prochain. Sa pièce Tu te souviendras de moi, qui met en vedette Guy Nadon, sera reprise pour une deuxième fois à La Licorne du 3 au 21 novembre. La tournée québécoise débutera le 17 septembre et se terminera le 12 mars 2016.

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CE TEXTE A FAIT L'OBJET D'UNE PRÉCISION: Le quartier où Fredy Villanueva a été tué par des policiers est Montréal-Nord et non Saint-Michel, tel qu'écrit préalablement.