Après avoir brillamment mis en scène l'histoire de Cyrano de Bergerac, Serge Denoncourt ressort capes et épées pour nous présenter une adaptation de l'un des plus grands romans de la littérature française: Les trois mousquetaires, d'Alexandre Dumas.

Serge Denoncourt n'a pas de complexes face au théâtre. Surtout lorsqu'il s'agit d'adapter des «classiques» de la littérature.

«Le théâtre classique s'adresse à tout le monde, commence-t-il par dire. Il faut arrêter de penser que ça s'adresse à l'élite. Je veux dire aussi que le théâtre, ce n'est pas plate. On peut choisir d'aller voir une pièce qui raconte une histoire sans que ce soit populiste, sans faire de concessions, sans faire de bébéisme.»

Ce que Denoncourt apprécie le plus d'Alexandre Dumas, c'est le suspense du récit, le souffle de son écriture.

«Dumas faisait du feuilleton, donc ça s'approche beaucoup des séries qu'on regarde en rafale aujourd'hui.» Son plus grand défi? «Raconter cette histoire énorme sur une scène, dit-il. Je ne suis pas au cinéma; je ne peux pas changer de lieu. Je ne suis pas à la télé ou dans un roman. Mon défi et mon plaisir ont été de donner cette ampleur sur scène.»

Serge Denoncourt a confié l'adaptation à Pierre-Yves Lemieux avec une directive: «restituer l'esprit de Dumas».

«J'ai lu une vingtaine d'adaptations, mais elles ne me convenaient pas, indique le metteur en scène. Soit on avait les aventures, mais pas la douleur des personnages, soit on occultait la vengeance de Milady et la dimension politique de l'oeuvre avec le cardinal de Richelieu et le duc de Buckingham.»

Héros, méchants, complices, y a-t-il un danger de verser dans la caricature? «La ligne est mince, répond Denoncourt. On n'est pas dans la caricature, mais le niveau de jeu est excessif. La reine est royale. Milady est méchante. D'Artagnan est héroïque. Richelieu est calculateur. On n'essaie pas d'être plus intelligent que Dumas.»

Les trois mousquetaires, c'est aussi le voyage initiatique du jeune d'Artagnan qui, à travers ces aventures, deviendra un adulte. À deux reprises, on verra d'ailleurs son interprète Philippe Thibault-Denis incarner un jeune garçon qui lit l'oeuvre de Dumas. Une façon de montrer qu'on ne sort pas «indemne» de cette lecture.

«Après la lecture des Trois mousquetaires, le jeune garçon ne sera plus le même, précise Serge Denoncourt, tout simplement parce qu'il aura été touché par l'art. Parce que la littérature, le théâtre, la danse font de nous des êtres humains plus intéressants.»