Coïncidant avec le lancement de la campagne présidentielle de Hillary, la production Clinton the Musical, présentée à New York, revient sur les années qu'elle et son mari ont passées à la Maison-Blanche. Une parodie joyeusement déjantée. Au menu : sexe, saxophone et politicaillerie.

Condensés en 95 minutes dans la comédie Clinton the Musical, les huit ans pendant lesquels Bill et Hillary ont occupé la Maison-Blanche s'apparentent à un délirant vaudeville. Les protagonistes - Bill, Hillary, Monica Lewinsky, Newt Gingrich et Kenneth Starr - n'ont plus besoin de présentation. Et il en va de même pour l'histoire.

Des indiscrétions de Bill aux ambitions de Hillary en passant par l'acharnement juridique du solliciteur général Kenneth Starr : la comédie musicale laboure en terrain archiconnu et prend un malin plaisir à caricaturer des figures déjà caricaturales dans nos esprits.

À défaut d'être subtile, la production fait rire. Difficile en effet de garder son sérieux en écoutant Monica Lewinsky (Veronica Kuehn) entonner I'm Fucking the Fucking President à la manière d'une midinette surexcitée (ça se passe de traduction).

Pour sa part, Bill est présenté comme un président schizophrène. D'un côté, il y a le très sérieux William Jefferson (Tom Galantich) et, de l'autre, le très libidineux Billy (Duke Lafoon) et son saxophone. Seule Hillary, toujours mesurée et vêtue d'un irréprochable tailleur-pantalon bleu, est capable de voir les deux Bill en même temps.

Déjà obsédée à l'idée d'être calife à la place du calife, Hillary Rodham Clinton (Kerry Butler) est sans doute le personnage le plus sagement esquissé par les auteurs, Paul et Michael Hodge. Si bien que, n'en déplaise aux républicains, le show ne devrait sans doute pas lui coûter de votes.

Quant aux deux Bill Clinton, ils apparaissent bien plus humains que machiavéliques. Et puis, comme le rappelle le décor montrant des tableaux d'anciens présidents en compagnie de leurs maîtresses, le 42e président des États-Unis n'est pas le premier à avoir connu quelques écarts de conduite.

LES RÉPUBLICAINS MALMENÉS

À dire vrai, les auteurs d'origine australienne sont surtout incisifs envers les antihéros de cette production : l'ex-leader du Congrès Newt Gingrich et l'ex-solliciteur général Kenneth Starr. Le premier est présenté comme un glouton décervelé. Le second, comme un (hilarant) homo refoulé aux tendances sadomaso obsédé à l'idée de faire tomber Bill Clinton.

L'autre cible de choix des auteurs : les médias. Présentés comme une sorte de choeur grec prompt à faire la claquette, ils sont prêts à tout pour avoir un peu d'audience et pousser leur programme politique.

Plus de 20 ans après le premier mandat de Bill Clinton, on ne s'étonnera d'ailleurs pas de voir que les médias new-yorkais ont toujours tendance à critiquer la comédie selon leur affiliation politique. Le New York Times, qui a des penchants pro-Hillary, l'a applaudie et recommandée. Le New York Post, qui est à couteaux tirés avec l'ancienne première dame, a vertement critiqué la production.

À défaut de gagner un Tony (l'équivalent des Oscars pour le théâtre), Clinton the Musical devrait au moins obtenir une mention pour son sens du « timing ». Alors que la campagne à l'élection présidentielle de 2016 s'annonce particulièrement prévisible (plusieurs s'attendent à un duel Hillary Clinton-Jeb Bush), les frasques du 42e président viennent rappeler une période où la politique américaine était peut-être trop divertissante pour son propre bien...

Aux New World Stages (340, 50e Rue Ouest, New York) jusqu'au 6 septembre.