De l'âme: c'est ce qu'on trouve partout, dans tous les recoins du spectacle Les grands-mères mortes, conçu et interprété par l'artiste multidisciplinaire Karine Sauvé. Une «fête des morts» qui est en fait un hommage joyeux et émouvant à trois dames disparues qu'on aurait bien aimé connaître: grand-maman Thérèse et ses deux amies, Simone et Lucille.

Dans un décor bric-à-brac fait de poussière, d'ossements, de terre et d'une foule d'objets hétéroclites, tout dans les teintes de blanc et de beige, Karine Sauvé accueille le public. Sur scène avec elle, Nicolas Letarte, musicien et as des bruits de bouche, bat la mesure. Ainsi commence ce spectacle où Karine racontera les trois femmes en quelques phrases, quelques images, représentées par des objets - des chaussures blanches à talon haut pour Simone, qui aimait s'habiller chic pour regarder la télé.

Mais il n'y a rien de linéaire dans ce spectacle qui fonctionne par petites touches et où la musique est très présente. Karine imite un gorille dansant le disco, empoigne sa guitare électrique pour chanter la chanson des sandwichs, danse le tango avec le vieux corps de sa grand-mère, tout rabougri, tout fragile. Nicolas Letarte, lui, imite les sons sortis d'un frigo rempli d'aliments périmés transformé en maison des horreurs, fait un solo de batterie, joue avec son beatbox et plus encore.

Cela donne à cette toute petite heure autant de profondeur que de légèreté - la danse de ces quatre longues perruques, qui cascadent du plafond jusqu'au sol, est un exemple de ce mélange habile. Et le résultat, qui s'adresse à tous (on conseille aux parents d'amener des enfants qui ont une petite expérience du théâtre), distille une joie de vivre assez communicative. «La mort, ça réveille.»

Karine Sauvé, qui a écrit ce spectacle en collaboration avec le dramaturge David Paquet et qui en a aussi créé la scénographie en plus d'en être l'interprète, montre ici un univers riche et unique, un peu trash mais surtout, qui n'a pas peur des émotions. Pas de cynisme chez elle, seulement un regard tendre et sensible sur le monde et sur les gens.

«On est tous des grands-mères», chante-t-elle à la fin, nous rappelant ce qui nous attend tous. Et surtout, nous faisant réaliser qu'il n'est pas trop tard pour aller embrasser notre notre grand-papa qu'on ne voit pas assez souvent. C'est probablement comme ça qu'on peut acquérir ce supplément d'âme, dont Karine Sauvé, elle, est manifestement dotée.

Aux Écuries, jusqu'au 21 mars.