Artiste passionné et rassembleur, pédagogue inspiré et aimé, Paul Buissonneau a créé une véritable fabrique de comédiens avec la Roulotte, un banc d'essai pour des centaines d'acteurs et d'actrices au Québec depuis six décennies.

Si M. Buissonneau avait fondé une école de théâtre, le résultat aurait été comparable. En 1952, Claude Robillard, directeur du Service des parcs à la Ville de Montréal, a l'idée de mettre à la disposition des enfants un théâtre ambulant à travers la ville. Il confie le projet à Paul Buissonneau. Ce dernier va élargir le concept. En plus des numéros des enfants, il y aura une troupe de jeunes comédiens pour créer une pièce et la présenter aux enfants durant l'été dans les parcs.

La Roulotte lance sa première saison l'année suivante avec Pierre et le loup, mis en scène par Buissonneau, avec lui et aussi Claude Jasmin, Nicole Fillion et Jean-Louis Millette (ce dernier va faire partie de la troupe durant cinq saisons). Par la suite, Buissonneau va diriger Jean Asselin, Luc Durand, Marcel Sabourin, Angèle Coutu, Guy Sanche, François Barbeau, Clémence Desrochers et Yvon Deschamps.

Malgré la «retraite» de Buissonneau en 1984, la Roulotte poursuit ses activités, au grand bonheur du jeune public et des jeunes acteurs. De jeunes metteurs en scène (comme Jean-Stéphane Roy et Frédéric Bélanger) vont diriger des spectacles de la Roulotte et préserver la signature féérique et magique du fondateur.

Avec le temps, la Roulotte devient une sorte de stage d'été pour des groupes de finissants de l'École nationale de théâtre du Canada et du Conservatoire d'art dramatique de Montréal. Plusieurs générations de comédiens affinent leur jeu et plongent dans le métier en s'y produisant. Robert Gravel, Serge Dupire, Geneviève Rioux et Lothaire Bluteau font leurs premières armes sur la scène de la Roulotte. Plus récemment, Anne-Élisabeth Bossé, Marc Beaupré, Sylvain Bélanger, Monia Chokri, Benoit McGinnis, Vincent Fafard et Kathleen Fortin ont joué dans des pièces comme Zorro, Le Chat bottéDon Quichotte ou Le Baron Münchausen

Les interprètes qui sont passés par la Roulotte gardent un souvenir impérissable de leur expérience, car ce lieu de formation est aussi un espace libre où le travail se fait dans le plaisir, la rigueur et l'aventure.

Finalement, Paul Buissonneau a réussi à faire de ce théâtre ambulant, qui devait durer l'espace d'un été, une pépinière d'artistes et une merveilleuse école sans le nom. Laissons-lui le mot de la fin.

«La Roulotte était une école extraordinaire pour les enfants, comme pour les comédiens. Il se développait sur cette Roulotte, à cause des moyens qu'elle offrait, des idées de mise en scène, des performances d'acteurs qui passeraient pour originales et fortes encore aujourd'hui», a écrit M. Buissonneau lors du 50e anniversaire de la Roulotte.