L'actrice Isabelle Adjani a retrouvé la scène mardi soir après huit ans d'absence dans Kinship, au Théâtre de Paris, avec le rôle tragique d'une femme amoureuse, un personnage qui lui colle à la peau, au cinéma comme dans la vie.

À 59 ans, elle campe une rédactrice en chef du journal local d'une ville américaine, femme de pouvoir, dont la vie va se détraquer lorsqu'elle tombera sous le charme d'un jeune journaliste.

Le retour de la star au théâtre a été orchestré comme un événement, avec campagne de publicité dans le métro et entrevues soigneusement ciblées, accompagnées de photos parfaitement contrôlées.

L'actrice est connue pour ce qu'elle appelle elle-même ses «apparitions-disparitions»: des périodes d'éclipse où elle éprouve le besoin de se retirer des «lumières» de la scène, pour mieux revenir en haut de l'affiche quelques mois plus tard.

Cette nouvelle réapparition est un retour à ses premières amours, le théâtre dont elle s'éprend à seulement 12 ans, pour entrer à 17 à la Comédie-Française, sans même passer par le Conservatoire.

Très vite happée par le cinéma, elle accède à la célébrité avec La gifle de Claude Pinoteau en 1974 et met sa sensibilité à fleur au peau au service de François Truffaut en 1975 dans L'histoire d'Adèle H. Elle a reçu de très nombreux prix, dont plusieurs Césars et deux prix d'interprétation féminine à Cannes pour Possession d'Andrzej Zulawski et Quartet de James Ivory (1981).

Dans Kinship, Isabelle Adjani, assise, les mains posées sur les genoux, déclame: «La solitude, elle paraît toujours si désirable, jusqu'à ce qu'elle nous tombe dessus». Dès les premiers mots, on comprend qu'elle a choisi la pièce contemporaine de l'Américaine Carey Perloff comme un miroir.

L'actrice la plus tourmentée du cinéma français trouve là un rôle cousu main: celui d'une femme mûre, torturée par le temps qui passe, amoureuse d'un jeune homme dont elle se voudrait l'égale mais qui finit par prendre la fuite, étouffé sous cette tonne d'amour.

Dans Le Monde, elle expliquait avoir choisi la pièce parce qu'elle n'avait «jamais été jouée, même en Angleterre et aux États-Unis (...) C'est un champ ultra-libre et tellement vaste que c'est périlleux».

Le fils aîné d'Isabelle Adjani, Barnabé Nuytten (qu'elle a eu avec Bruno Nuytten, le réalisateur de Camille Claudel), a été chargé du dispositif scénique.