La rentrée théâtrale est aussi l'affaire des enfants. Cette semaine, la Maison Théâtre ouvre sa saison avec un classique du théâtre de marionnettes, Le jardin de Babel, signé par l'auteure et illustratrice Marie-Louise Gay.

Marie-Louise Gay a écrit le Le jardin de Babel il y a 15 ans, l'année même où le premier album de sa populaire série Stella paraissait. Comme pour ses pièces Bonne fête Willy et Qui a peur de Loulou?, toutes deux créées avec le Théâtre de l'Oeil, Le jardin de Babel a été écrit spécifiquement pour des marionnettes.

«Quand j'ai découvert l'écriture théâtrale pour marionnettes, j'ai trouvé ça absolument incroyable, nous dit-elle. Pour moi qui viens d'un monde littéraire où les images ne bougent pas, la possibilité d'explorer l'attitude corporelle de mes personnages et d'exprimer par la voix et les gestes des émotions était vraiment emballante!»

L'auteure, habituée à construire ses univers avec des mots et des illustrations, s'est pourtant vite adaptée à l'écriture scénique. «Ce qu'on apprend à faire après avoir écrit son texte, c'est de le couper, précise-t-elle, parce que le langage corporel de la marionnette prend une très grande place.»

Babel est un jeune garçon qui jardine tranquillement dans son potager lorsqu'un matin, son monde est sens dessus dessous.

«Rien ne marche comme prévu, résume l'auteure. Des lapins poussent à la place des légumes, un pêcheur jette sa ligne dans la terre et un mouton (Marcel) broute les nuages dans le ciel. Le garçon regarde le mouton, le mouton regarde le garçon, et les deux se disent: «Qu'est-ce que tu fais là?» »

Dans ce jardin de tous les possibles apparaît un roi aux airs de Barbe bleue qui, désespéré, cherche quelqu'un pour guérir sa fille d'un hoquet. C'est Babel qui sera sollicité par ce roi-nain pour lui venir en aide. Un château émergera ainsi du potager, entraînant les marionnettes dans un nouveau décor.

La marionnette 2.0

Selon le fondateur du Théâtre de l'Oeil, André Laliberté, Le jardin de Babel est le texte le plus abouti de Marie-Louise Gay. «Je pense qu'avec cette pièce, elle a compris toutes les possibilités qu'offrait la marionnette. Elle a été capable d'exploiter tous les ressorts possibles de son univers fantaisiste, même si le texte est assez touffu.»

André Laliberté, qui a signé la mise en scène originelle du Jardin de Babel en 1999, croit que cette pièce montre bien à quel point on peut être «différent et complémentaire». «Je voulais montrer la différence de perspective entre le monde vu par les adultes et celui vu par les enfants», précise Marie-Louise Gay.

Que ce soit pour un album ou une pièce, l'auteure bilingue, qui a notamment grandi en Ontario et en Colombie-Britannique, ne se lasse pas du monde de l'enfance.

«Les enfants ont un regard extrêmement intéressant sur le monde, insiste-t-elle. Ils n'ont pas encore appris tous les codes. Un arbre qui parle, c'est possible. Une conversation avec une chenille aussi. La frontière entre l'imaginaire et le réel est très, très mince. Et puis, ils ont ce regard absolument neuf sur le monde.

Comme pour ses autres projets de théâtre, c'est Marie-Louise Gay qui a dessiné les marionnettes, les costumes et le décor. Les quatre marionnettistes seront dissimulés en dessous du castelet. Ils manipuleront des marionnettes à tiges d'environ deux pieds. Deux marionnettes surdimensionnées ont aussi été créées.

Album en anglais

Marie-Louise Gay, qui a vendu plus de 2 millions d'exemplaires de ses albums Stella et Sacha (traduits en 15 langues) et travaillé à l'adaptation de la série télé diffusée par Disney depuis trois ans, n'a pas d'autres projets pour sa rousse héroïne. Elle vient toutefois de faire paraître un nouvel album en anglais, baptisé Any Questions?

«Je décris, d'une manière très ludique, le processus créatif d'un auteur, explique-t-elle. Je m'adresse directement aux enfants et j'essaie de raconter une histoire en même temps que je l'invente. C'est une mise en abîme.»

Le livre paraîtra en français l'an prochain. Un nouveau projet de théâtre verra aussi le jour, promet-elle. Une autre histoire à suivre.

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À la Maison Théâtre jusqu'au 12 octobre. Pour les enfants de 3 à 6 ans.