Pour sa troisième programmation à la barre du Théâtre français du Centre national des arts (CNA), Brigitte Haentjens met la parole à l'avant-scène. Celle des classiques comme Shakespeare et Joyce, de la relève avec des oeuvres de Mani Soleymanlou et de Guillaume Corbeil, du Québec (Robert Lepage) et de l'Acadie (Christian Essiambre).

Dans le contexte politique, économique et culturel, le Théâtre français doit redoubler d'efforts pour rejoindre le public et assurer un rayonnement du théâtre francophone à l'extérieur de Montréal. Le mandat n'est pas facile, reconnaît Haentjens, qui se dit «au service des autres: créateurs, compagnies et public». Elle estime que le public de la région de la capitale nationale est «ouvert, attentif et chaleureux et pas du tout blasé», comme peut parfois l'être le public des grandes métropoles culturelles.

La directrice artistique entamera sa saison, le 24 septembre, avec Molly Bloom, d'après Ulysse de James Joyce. Brigitte Haentjens assure la mise en scène de cette production mettant en vedette Anne-Marie Cadieux, tout comme celle de Richard III de Shakespeare, avec Sébastien Ricard dans le rôle-titre, en avril 2015. Il s'agit de deux productions de la compagnie Sibyllines qui auront d'abord été créées à Montréal.

Les amateurs qui auront raté Les aiguilles et l'opium avec Marc Labrèche au Théâtre du Nouveau Monde pourront se reprendre en mai 2015, à Ottawa, là où Robert Lepage a créé son chef-d'oeuvre en 1991. Le Théâtre français présentera, à la fin du mois de novembre, le très beau spectacle belge Kiss & Cry de la chorégraphe Michèle Anne De Mey et du cinéaste Jaco Van Dormael.

Place à la création en marge

La directrice offre aussi l'espace du Studio à plusieurs jeunes compagnies de création en accueillant des perles scéniques: Cinq visages pour Camille Brunelle de Guillaume Corbeil, Deux de Mani Soleymanlou et Emmanuel Schwartz, Le long voyage de Pierre-Guy B, deuxième volet d'une oeuvre biographique de l'acteur acadien Christian Essiambre, mis en scène par Philippe Soldelvila, Le projet bocal, création ludique de Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande, Album de finissants de Mathieu Arsenault et Phèdre de Jérémie Niel, créée au Festival TransAmériques.

Aucune primeur, donc, dans cette programmation misant sur la qualité artistique? «On n'est plus à l'époque d'André Brassard, alors qu'il pouvait faire venir des interprètes dans la capitale pour créer une pièce durant des semaines», illustre la directrice. Toutefois, Brigitte Haentjens insiste sur l'importance du Théâtre français dans la diffusion et l'appui aux créateurs. «Ça reste toujours un défi, présenter du théâtre qui n'est pas un produit de consommation de masse, souligne-t-elle. Ici comme ailleurs.»

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