Serge Denoncourt l'écrit dans le programme des Liaisons dangereuses: il n'aurait jamais osé s'attaquer à ce spectacle sans la collaboration d'un grand artiste et maître concepteur, François Barbeau. «Son talent, son expérience, ses connaissances et son intelligence en font un immense créateur de costumes dont, sans le savoir, vous voyez le travail depuis des décennies. Sans son génie, ce projet «haute couture» n'existerait pas.»

Depuis 50 ans, au théâtre, à l'opéra et au cinéma, François Barbeau est le créateur des costumes pour un nombre incalculable de productions. Il est reconnu pour sa culture, son perfectionnisme et son savoir. (L'Université de Montréal consacrera d'ailleurs une exposition à son travail et sa démarche à la fin du mois de mai.)

Souci du détail

En deux mots, Barbeau est un trésor vivant. Pour sa énième collaboration en plus de 20 ans avec Denoncourt (leur dernier coup d'éclat était Christine, la reine-garçon au TNM), Barbeau veut être dans la rigueur et l'exactitude de l'époque, et respecter ses codes et ses règles.

Serge Denoncourt se souvient d'une anecdote qui illustre le souci du détail de Barbeau: «Je l'ai déjà vu faire un trou dans une chaussette. Et je lui ai dit que l'acteur n'enlève pas ses souliers durant la pièce, et que personne n'allait voir les chaussettes. «Oui, mais le personnage est pauvre et je veux que l'acteur sente le trou dans ses bas», m'a-t-il répliqué. François ne fait pas juste un costume: il construit un personnage.»

On demande au concepteur de préciser sa vision d'un bon costume au théâtre. «Lorsque le personnage entre sur scène, le costume existe et donne son impact. Mais après les 20 premières secondes, il doit se faire oublier», dit le maître, qui accorde (très) rarement des entrevues.

L'importance de Dior

Si Dior n'est pas son designer de mode préféré (il adore aussi Lanvin), il estime que Dior a réveillé toute une époque qui sortait de la grisaille de la Deuxième Guerre mondiale. «Il est revenu au corps silhouetté, aux hanches et aux tailles dessinées, rondes. Avec ses collections, Dior dessine des femmes fleurs, des femmes corolles. Et il rend hommage à sa mère et aux souvenirs de son enfance.»

«Dior a aussi effacé tout le travail que Chanel a fait avant la [Seconde] Guerre. Elle s'est battue durant des années pour libérer le corps des femmes. Dior l'a biffé avec le New Look. Or, il a relancé l'industrie du textile en France. Au début des années 40, on prenait à peine trois mètres de tissu pour faire un ensemble au complet. Tandis que Dior utilisait 17 mètres pour faire une jupe!»

Dans la production de Duceppe, on verra aussi des chapeaux avec des plumes qui rappellent ceux de Schiaparelli. De la haute couture au théâtre comme vous n'en avez jamais vu. Car Barbeau connaît la science du vêtement. Il a étudié la mode à la réputée école Cotnoir Caponi et il maîtrise autant la coupe que la confection.

«Il faut travailler le corps des acteurs. On habille les acteurs, mais on ne travaille plus la dramaturgie du costume», déplore Denoncourt.

Finalement, le costume, selon Barbeau, est une peinture vivante qui se déplace sur scène.

Acteurs et personnages

Annick Bergeron : Mme de Volanges, mère de Cécile, qui veut marier sa fille. Un mariage à l'origine de toutes les machinations de Merteuil.

Éric Bruneau : Le sulfureux vicomte de Valmont. «Conquérir est notre destin», écrit-il à Merteuil.

Kim Despatis : Cécile Volanges, le «bouton rose» de Valmont. Elle n'a que 15 ans.

Julie Le Breton : L'orgueilleuse marquise de Merteuil.

Magalie Lépine-Blondeau : L'austère et dévote présidente de Tourvel. Elle succombera aux avances de Valmont.

Kasia Malinowska : Émilie

Jean-Moïse Martin : Azolan

Lénie Scoffié : Mme de Rosemonde, tante de Valmont.

Philippe Thibault-Denis : Chevalier Danceny, une autre victime de son innocence et de sa candeur.