Pour sa nouvelle création, la directrice artistique de Pigeons international, Paula de Vasconcelos, s'est tournée vers la dramaturge Évelyne de la Chenelière, qui a écrit L'architecture de la paix. Une pièce qui réunira entre autres les comédiens Pascale Montpetit et Daniel Parent.

Ceux à qui le répertoire de Pigeons international est familier savent que sa directrice artistique, Paula de Vasconcelos, affectionne les pièces hybrides et le jeu très physique, qui penche parfois du côté de la danse, parfois du côté du théâtre.

L'an dernier, la chorégraphe et metteure en scène avait pris le parti de la danse avec Humanity Project. Cette fois, Paula de Vasconcelos a fait équipe avec Évelyne de la Chenelière (La chair et autres fragments de l'amour, Bashir Lazhar) pour créer L'architecture de la paix.

«Évelyne avait déjà écrit un monologue pour ma pièce Kiss Bill, précise Paula de Vasconcelos. Elle adore le travail du corps et est ouverte à un processus de création non traditionnel. Elle le dit elle-même: le texte est un matériau malléable.»

Reconstruction

Il y a quatre ans, alors qu'elle se trouvait dans un café, Paula de Vasconcelos a mis la main sur une revue consacrée à la Biennale de Venise, qui avait pour thème l'architecture de la paix. Tout est parti de là.

«Dans le monde de l'architecture, c'est un sujet d'actualité, nous dit-elle. Comment reconstruit-on des lieux dévastés par des guerres ou des catastrophes naturelles? Comment rebâtit-on? Pas juste les bâtiments, mais la vie. Je voulais explorer ce thème-là au théâtre.»

C'est avec ce chantier en tête et l'envie de mettre en scène un couple au milieu de ces décombres que Paula a pris contact avec Évelyne. «Au départ, je me suis demandé comment les principes qu'on applique dans l'architecture de la paix, qui sont des principes physiques reliés à l'espace, peuvent contribuer à la reconstruction d'une relation humaine», résume la metteure en scène.

Fragments de textes

Évelyne de la Chenelière est partie de cette matière pour écrire le texte qui met en scène un couple (Pascale Montpetit et Daniel Parent) qui a survécu à une catastrophe.

«L'idée était d'écrire des fragments, pour que Paula ait de la place pour raconter son histoire à elle aussi», ajoute la comédienne Pascale Montpetit, qu'on a pu voir l'automne dernier dans une autre pièce non traditionnelle: Le murmure du coquelicot, des 7 doigts de la main.

«On peut dire que le spectacle est une construction avec des matériaux épars: un texte, un décor, deux comédiens, une chanteuse et un musicien portugais. Il a fallu construire quelque chose avec ces matériaux bruts, au sens noble du terme.»

Paula de Vasconcelos a coproduit le spectacle avec le Teatro São Luiz de Lisbonne. La musique enregistrée vient d'ailleurs d'un musicien rencontré à Lisbonne. Elle a aussi fait appel à deux interprètes portugais.

La comédienne et chanteuse Ana Brandão interprétera le rôle de l'amoureuse du fils du couple, tout en jouant le rôle d'un coryphée avec une métaconscience. Le percussionniste Carlos Mil-Homens rythmera la pièce avec ses instruments «primitifs».

Un cycle repris trois fois

Paula de Vasconcelos a décidé de reprendre la pièce du début à deux reprises, mais en éliminant des paroles chaque fois. Le décor se construira en parallèle (avec des panneaux d'osier et des tapis de paille) - un autre lien avec le thème de la reconstruction.

«La première fois, les comédiens diront tout le texte; la deuxième fois, ce sera des bribes de textes et une dernière fois sans texte», explique Pascale Montpetit.

«La dernière phrase du texte c'est: «Nous recommencerons à bâtir à tout jamais», renchérit Paula de Vasconcelos. Il y a cette idée qu'on se retrouve parfois par terre avec le sentiment de ne pas pouvoir se relever. Mais on se relève...»

Il s'agit de la première collaboration de Pascale Montpetit avec la chorégraphe et metteure en scène d'origine portugaise.

Ce que l'actrice a vécu de nouveau grâce à cette expérience avec Pigeons international? «L'idée du très peu, répond Pascale Montpetit. Très peu d'agitation, de trémolo. On donne peu à voir pour avoir une conversation avec le public; pour qu'il y mette du sien pour remplir les espaces.»

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À Espace GO du 4 au 22 mars.