L'un a plus de 20 ans de métier, l'autre, guère plus de 20 mois. Serge Postigo et Debbie Lynch-White ont toutefois le même réflexe, soit d'aller où on ne les attend pas.

S'éloignant de la comédie pure, Serge Postigo signera bientôt la mise en scène de Sunderland chez Jean-Duceppe. «Honnêtement, je ne pense jamais en termes de carrière quand je fais des choix, dit le metteur en scène. Cette pièce m'a touché et j'ai eu envie de la raconter.»

Sunderland est une chronique douce-amère, au texte dur et drôle à la fois, qui se déroule dans une famille démunie: une enfant autiste, une soeur au chômage et une coloc qui gagne sa vie avec des appels téléphoniques érotiques.

«Ce sont des orchidées qui poussent au milieu de l'asphalte, décrit Serge Postigo. Le danger, c'était de la jouer misérabiliste. Le décor peut faire penser au Simple soldat, mais les personnages ne sont pas interprétés de façon misérabiliste.»

Angleterre

Écrite par le Français Clément Koch, Sunderland se déroule dans une ville du nord de l'Angleterre où la seule usine vient de fermer à cause de la grippe aviaire. Il ne reste aux chômeurs que les divertissements: la télé et, surtout, le soccer.

Le public qui connaît le cinéma empreint de réalisme social à la Ken Loach sera en terrain connu. Pour d'autres, certaines répliques feront penser à du Tremblay.

«C'est une pièce humaine, simple, qui nous rentre dedans, explique le metteur en scène. Les valeurs d'amitié, d'amour filial et de don de soi ressortent.»

Unité 9

L'axe central de la pièce repose sur des femmes : Ruby (Karine Belly), Jill (Marie-Ève Millot), Sally (Catherine-Anne Toupin) et Miss Gallagher (Debbie Lynch-White). C'est donc dire deux échappées de Lietteville.

Dans son rôle marquant à la télé, la comédienne de 28 ans fait peur dans Unité 9. Dans Sunderland, elle joue toutefois une travailleuse sociale qui, quoique provenant d'un milieu aisé, a le coeur à la bonne place.

«Miss Gallagher, en fait, c'est une femme très humaine qui comprend la situation de cette famille. Elle représente le système, mais se trouve elle-même coincée dedans», explique-t-elle.

Miss Gallagher aurait pu être interprétée par une femme d'âge mûr, sèche et autoritaire, mais Serge Postigo ne la voyait pas ainsi.

« C'est plutôt une jeune intervenante qui représente l'autorité, super organisée, qui n'appartient pas à ce monde-là, pense Debbie Lynch-White. Elle est tout de même humaine et là se trouve le défi du rôle. Elle a appris le comportement humain dans un cours à l'université. Là, elle doit s'adapter. »

Sunderland  - Théâtre Jean-Duceppe, du 19 février au 29 mars.