Lors de ses études à l'École nationale de théâtre du Canada, Xavier Huard a décidé de créer un spectacle qu'il présenterait aux communautés autochtones. Six comédiens, dont deux Innus de Mashteuiatsh, sont partis en tournée pour offrir Puamun, une création qui a comme objectif d'aborder des thèmes chers à ces adolescents.

Xavier Huard tenait à jouer devant ces communautés qui ont changé sa vie. «J'ai rencontré les communautés autochtones lorsque j'avais 13 ans. J'étais dans un voyage, qui s'est avéré très positif pour moi, mais qui était dans un contexte difficile. J'avais beaucoup de problèmes d'attitude avec l'autorité, et mes parents m'ont donc demandé de partir quelque temps avec mon oncle sur la Côte-Nord.

«Je me suis retrouvé là et j'ai rencontré les Innus. Ils m'ont un peu adopté, et je dois dire que je me sens vraiment bien avec eux. Je pourrais vivre dans un chalet avec une gang d'Algonquins toute ma vie», dit l'acteur de 23 ans en souriant.

Lors de sa dernière année comme étudiant à l'École nationale de théâtre, il a eu l'idée de créer un spectacle qu'il présenterait aux communautés autochtones. Il avait remarqué que des troupes de théâtre allaient rarement les visiter et, du coup, les enfants avaient peu de chance, de voir du théâtre.

«J'en ai parlé avec mes amis autochtones, je leur ai demandé s'ils trouvaient ça intéressant de monter une pièce et d'aller la présenter dans les communautés, parce que j'avais remarqué que ça ne se faisait pratiquement pas. Ils ont dit oui. Dans la gang, nous sommes donc quatre Blancs et deux autochtones. Nous avons écrit ensemble le spectacle», explique le jeune acteur.

Et c'est l'été dernier que les six comédiens ont présenté Puamun à des enfants et des adolescents. Marco Collin, un des deux Innus de la troupe, avait déjà tenté l'expérience dans le passé, mais il n'avait pas obtenu l'accueil espéré. «Cette année, nous avions donc une certaine crainte, on se demandait comment ils allaient nous recevoir. Mais finalement, nous avons eu un bon public», dit Marco Collin.

«Lorsqu'un jeune de 15 ans, qui ne sait pas ce que c'est, du théâtre, entre dans la salle avec son chandail kangourou sur la tête et que tu vois bien qu'il ne veut pas être là, tu es craintif. Et puis, lorsque tu vois que, plus le spectacle avance, plus le jeune écoute, c'est génial», ajoute Xavier Huard.

Marco Collin aime particulièrement les conversations que favorise cette création écrite par des autochtones et des non-autochtones. «Ce que nous avons démontré par ça, c'est l'écoute entre les peuples. Si nous n'écoutons pas l'autre, les pensées vont continuer à évoluer parallèlement.»

«Souvent, le commentaire que nous avons avec ce spectacle, c'est: "Ça tue le racisme, votre show», ajoute Xavier Huard. C'est ce que nous souhaitons.»

Satisfaite de cette première tournée, l'équipe espère récidiver prochainement.