Les séparations, ce n'est pas toujours beau à voir. Avant le partage des enfants et des biens, il y a ce moment où l'un dit à l'autre qu'il part. Le dramaturge Pascal Rambert en a fait un affrontement cruel, joué par Maude Guérin et Christian Bégin.

Christian Bégin n'y va pas de main morte lorsqu'on l'interroge sur le défi qu'a représenté l'ingestion de sa partie du texte de Clôture de l'amour: «Ç'a été cauchemardesque.» Venant de lui, ce n'est pas rien. Le comédien et animateur (Curieux Bégin) dit avoir toujours appris ses textes «les doigts dans le nez».

Pascal Rambert a mis la barre haute, en effet. Sa pièce, scindée en deux monologues - celui de Stan (Christian Bégin), d'abord, suivi de celui d'Audrey (Maude Guérin) - est une partition faite de déclarations atomiques et de phrases commencées, mais jamais finies, qui évoquent un cerveau en surchauffe dans un moment critique: la fin d'un amour.

Pour que la coupure soit définitive, irrémédiable, Stan dit en effet à Audrey tout ce qu'elle n'est plus pour lui. Même ce qui ne se dit pas. Elle encaisse sans mot dire. Puis, elle parle. Il n'aura pas l'occasion d'en rajouter. On dirait deux monologues, mais c'est en fait un dialogue. Qui passe par le corps. «On est muet au niveau du verbe, mais on n'est pas muet au niveau du corps et de ce qu'on reçoit», explique Christian Bégin.

Maude Guérin convient que le metteur en scène Christian Vézina a pour la pièce une direction très organique et très physique. Ce qui représente un sacré défi compte tenu des imposants silences. «L'écoute est très importante au théâtre. C'est la chose la plus difficile, plus que de parler, assure-t-elle. Si tu n'es pas totalement là, tout te trahit.»

Le face à face de Pascal Rambert, créé en 2011 à Avignon, a déjà été qualifié de chambre de torture. Maude Guérin et Christian Bégin trouvent l'expression un peu forte. Si l'actrice consent que le texte est violent, son vis-à-vis estime néanmoins que ni Stan ni Audrey ne cherchent à blesser l'autre. «On ne s'épargne pas, convient-il, mais Stan ne se rend pas compte de tout ce qu'il dit. Et il n'y a pas d'envie de vengeance dans la partition de Maude.»

L'acteur estime que Clôture de l'amour est, malgré tout, «une ode à l'amour». Stan et Audrey se sont profondément aimés. Admirés l'un l'autre. Pascal Rambert, en creusant des cicatrices, en vient à se demander: comment est-il possible de préserver l'amour? Comment éviter d'en arriver là?

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Du 11 novembre au 6 décembre au Quat'Sous.