Instructions pour un éventuel gouvernement socialiste qui souhaiterait abolir la fête de Noël marque le retour sur les planches de Luc Picard. La dernière fois qu'on l'a vu, c'était en 2008 dans la pièce Sacré coeur du Nouveau Théâtre expérimental (NTE). Une pièce coécrite par Alexis Martin, justement, qui signe la traduction du texte de Michael Mackenzie.

«Je m'ennuyais du théâtre», dit l'acteur qui travaille actuellement à un scénario de film et qui s'apprête à jouer (comme acteur) dans deux longs métrages. «J'avais envie de retourner aux sources. Ce n'est pas l'envie qui manque, mais les horaires du cinéma et du théâtre ne sont pas toujours compatibles...»

Il faut bien le dire, la réalisation de films, depuis la sortie de L'audition, en 2005, l'a aussi passablement occupé au cours des dernières années, notamment avec Babine et Esimésac adaptations des contes de Fred Pellerin. Il a aussi joué dans plusieurs films, dont La maison du pêcheur d'Alain Chartrand. A-t-il quand même décidé de privilégier le cinéma?

«Pas nécessairement, répond Luc Picard. Que ce soit au cinéma ou au théâtre, je vais m'intéresser aux projets qui ont un écho social, qui posent des questions sur nos façons de vivre aujourd'hui. Cette fois, le timing était bon. La gang aussi m'a donné envie d'embarquer dans ce projet. Et puis le théâtre demeure un formidable lieu de réflexion pour ce genre de préoccupation qu'on peut et qu'on doit avoir.»

Acteur engagé, Luc Picard admet que le texte de Michael Mackenzie n'est pas facile. «Ce n'est pas une pièce qu'on comprend du premier coup quand on la lit, mais j'aime l'idée d'un duo, d'un ping-pong d'une heure et demie», dit encore celui qui a jadis joué dans deux mémorables duos avec Sylvie Drapeau (Traces d'étoiles et Mademoiselle Julie).

«On a fait un travail de déchiffrage et de défrichage pour rendre le texte plus limpide. Pour que le spectateur s'y retrouve, précise-t-il. Oui, nous sommes dans le contexte financier de la crise de 2008. Il reste qu'il s'agit de deux êtres humains embarqués dans une aventure émotive. La pièce de Michael est construite comme un thriller.»

Son personnage de Jason est un gestionnaire de fonds spéculatifs, qui fait la rencontre, en pleine nuit, d'une mathématicienne qui sort de thérapie.

«Il est au bord de la déconfiture totale, précise Luc Picard. Il est à un point de sa vie où tout s'écroule autour de lui. Mon personnage a perdu son âme. Les hauts financiers de New York sont tellement stressés, ce sont des gens qui travaillent tout le temps, qui n'ont pas de vie, qui font beaucoup d'argent, qui sont sur la coke, qui se sont éloignés de leur humanité...»

Elle, la mathématicienne qu'interprétera Sophie Desmarais, est tout son contraire. «Elle est d'une pureté désarmante, elle ne peut pas mentir, nous dit Luc Picard. Elle est comme la vérité, l'humanité qui se présente à lui. C'est le contraste entre les deux qui est intéressant. Elle le place devant de vieux principes qu'il avait avant. À son contact, il se déconstruit.»

> Au Théâtre d'Aujourd'hui du 8 octobre au 2 novembre.