Chaque saison, les médias scrutent les programmations de théâtre à la recherche des nouveautés. Mais heureusement, on retrouve aussi des reprises de pièces créées il y a six mois ou un an. Des productions qu'on a vues et critiquées. La codirectrice de l'Usine C, Jasmine Catudal, disait récemment vouloir encourager la «slow production» en programmant des reprises. Des pièces qui ont permis à leurs créateurs «d'approfondir leur travail». En voici dix.

Le projet bocal

Il s'agit de la première création de ce jeune trio d'acteurs sorti récemment du Conservatoire d'art dramatique: Simon Lacroix, Sonia Cordeau et Raphaëlle Lalande. Ensemble, ils ont créé le printemps dernier à La Licorne une pièce composée d'une vingtaine de saynètes qui abordent avec humour des thèmes de la vie quotidienne. Un spectacle sans prétention, qui nous permet de découvrir le talent brut de trois interprètes en pleine progression. - Jean Siag

Jusqu'au 13 septembre au Théâtre Outremont.

Après moi

Les Éternels pigistes ont frappé fort avec cette pièce écrite par Christian Bégin qui traite de nos rapports humains anémiques. Deux couples et un homme seul échouent dans un motel de Val-d'Or un soir de tempête. Leurs trois histoires sont déclinées en six versions. Six occasions de changer le dénouement de leur histoire personnelle en faisant une petite place à l'autre. Un procédé scénique qui fonctionne très bien grâce à la mise en scène de Marie Charlebois, qu'on retrouve également sur scène. - Jean Siag

Du 3 au 21 septembre à La Licorne.

Billy (les jours de hurlement)

L'indifférence ne figure pas parmi les émotions que veut susciter le dramaturge Fabien Cloutier. Son théâtre brut force le spectateur à se positionner devant l'action, quitte à devoir réviser son jugement. Sa courte pièce créée au printemps 2012 met en scène trois personnages, deux femmes et un homme, qui voient le monde à travers le filtre de leurs préjugés. La tentation est grande de les juger à notre tour et c'est là le piège malicieux tendu par l'auteur. - Alexandre Vigneault

Du 9 au 27 septembre à La Licorne.

Moi, dans les ruines rouges du siècle

Sasha Samar est né en Ukraine et a immigré au Québec au terme d'une jeunesse à la fois rocambolesque et tragique marquée par l'accident nucléaire de Tchernobyl, l'agonie de l'Union soviétique et surtout par l'absence de sa mère, qui l'a abandonné très jeune. Il a d'ailleurs affronté l'hiver sibérien avec une simple serviette autour de la tête pour la retrouver. Olivier Kemeid (texte et mise en scène) raconte tout ça d'une manière épique et comique. Extrêmement émouvante aussi. - Alexandre Vigneault

Du 10 au 21 septembre au Théâtre d'Aujourd'hui.

L'Ouest solitaire

Cette petite production vue dans la salle intime du Prospero en janvier dernier est l'occasion d'apprécier la performance de deux jeunes acteurs: Lucien Bergeron et Marc-André Thibault. Ensemble, ils interprètent avec brio les rôles de deux frères à la fois bourreaux et victimes, nourrissant une haine viscérale l'un pour l'autre. Le texte réaliste du dramaturge irlandais Martin McDonagh (The Pillowman) est d'une violence insoupçonnée, mais McDonagh parvient tout de même à nous rendre ses personnages presque attachants. - Jean Siag

Du 17 septembre au 5 octobre au Prospero.

iShow

L'internet regorge de recoins sombres. Et c'est là que va fouiner le collectif de comédiens à l'origine du iShow, spectacle flirtant avec la performance où les acteurs discutent et interagissent en direct avec des inconnus croisés sur les réseaux sociaux. C'est parfois loufoque, parfois grotesque, parfois vulgaire et en partie improvisé: ils ne savent jamais sur qui ils vont tomber ni les gestes qui seront posés. Ce faisant, ils soulèvent quantité de questions pertinentes. Réservé aux 18 ans et plus. - Alexandre Vigneault

Du 18 au 28 septembre à l'Usine C.

Une vie pour deux

Un texte poignant d'Evelyne de la Chenelière, qui a adapté le roman de Marie Cardinal du même nom, en y ajoutant un dernier chapitre où le personnage de Simone souffre d'aphasie, comme son auteure Marie Cardinal à la fin de sa vie. Le récit met en scène un couple à la recherche d'un nouveau souffle durant ses vacances irlandaises. Un texte brillant qui traite de nos utopies amoureuses et de notre quête de liberté. - Jean Siag

Du 22 octobre au 3 novembre à l'Espace GO.

Le paradis à la fin de vos jours

Il y a cinq ans déjà que Rita Lafontaine a joué pour la première fois dans ce tendre texte de Michel Tremblay où il rend (encore) hommage à sa mère, mais aussi aux femmes qui ont marqué et porté son théâtre. Nana est au paradis, entourée de chaises vides placées sur les planches et accrochées au mur derrière elle. Elles symbolisent des personnages marquants de l'univers littéraire de Tremblay et des femmes de théâtre qui l'ont accompagné. - Alexandre Vigneault

Du 30 octobre au 9 novembre au Rideau Vert

Orphelins

On ne se lasse pas des pièces de l'Irlandais Dennis Kelly, un des plus habiles dialoguistes du théâtre contemporain, traduit ici avec mordant par Fanny Britt. Dans cette pièce mise en scène par Maxime Denommée, Kelly aborde les thèmes de la violence, de la peur et de la différence en relatant l'histoire de Liam, qui surgit dans l'appartement de sa soeur les mains tachées de sang. Du théâtre à suspense qui réunit tous les ingrédients garantissant son succès. - Jean Siag

Du 12 au 30 novembre à La Licorne.

Mommy

Lorsqu'on entend dire qu'Olivier Choinière monte sur scène, on tend l'oreille. L'auteur et metteur en scène de Chante avec moi et Nom de domaine interprète le personnage de grand-mère qu'il porte en lui depuis des années. Une grand-mère trash qui revient à la vie pour glorifier son passé. Une pièce gore qui dénonce la nostalgie en même temps qu'elle en emprunte les codes. Mommy est éminemment musical. Du théâtre imparfait, mais engagé et percutant.

Du 26 novembre au 7 décembre aux Écuries.