Chaque semaine, La Presse propose un questionnaire estival avec un acteur du théâtre d'été. Voici le cinquième d'une série de neuf.

Du doublage (deux décennies des Simpson) aux pubs, du théâtre d'été en région au Théâtre du Nouveau Monde (il fait partie de la distribution du Balcon de Jean Genet, l'automne prochain au TNM), en passant par les rôles comiques à la télé, Bernard Fortin embrasse toutes les facettes de son métier. Et cet été, l'acteur et metteur en scène ne chôme pas.

Q : Un long métrage que vous avez aimé récemment au cinéma?

R : Je ne vais pas beaucoup au cinéma. J'aime regarder les films chez moi, en Estrie, avec mon casque d'écoute stéréophonique. Récemment, j'ai loué sur le câble deux films historiques, Anna Karénine et Lincoln. Et aussi Looper, un film de science-fiction avec Bruce Willis.

Q : Avez-vous des lectures d'été?

R : Comme je travaille sur trois pièces cet été, je n'ai pas le temps de lire. Le reste de l'année, je suis un lecteur éclectique: de Proust à Raymond Devos, de la poésie aux polars (Michael Connelly). Pour me détendre, j'aime lire des romans d'Éric-Emmanuel Schmitt, Alexandre Jardin ou Dan Brown.

Q : Un souvenir d'été inoubliable?

R : Un mois d'été aux Îles de la Madeleine avec mon ami Patrice L'Écuyer. On y est allés afin de créer notre spectacle Merci beaucoup et de le roder avant de le produire au St-Denis à Montréal. (On l'a joué 350 fois en tout!) À mon avis, c'est un des lieux les plus exotiques au Québec. Tu débarques aux Îles et tu as un choc culturel! Et j'étais avec ma femme et mes jeunes enfants.

Q : De la musique qui rime avec les vacances, la belle saison?

R : Du piano jazz léger. Mon grand plaisir, c'est d'écouter Chick Corea ou Keith Jarrett sur la véranda en prenant un verre de rosé.

 

Q : En voyage, je ne pars jamais sans...

R : Un frisbee, une mitaine de baseball, un jeu de pétanque et du matériel de jonglerie...

Q : Du matériel de jonglerie!?

R : Je me suis mis à la jonglerie à l'époque où j'étudiais au Conservatoire d'art dramatique. C'est très zen. Ça me permet de me concentrer sur une chose précise, technique, afin de ne pas trop «spinner» dans ma tête. (rires)

Q : Cinéparc ou Shakespeare in the Park?

R : Shakespeare in the Park! J'aime les expériences théâtrales intenses. J'irais voir des pièces de Shakespeare dans une grotte sous un parapluie!

Q : Votre premier contrat au théâtre d'été?

R : En 1982, au Patriote, à Sainte-Agathe, à l'époque où son directeur était Michel Forget. Je jouais avec lui et Normand Chouinard dans La Coupe Stainless de Jean Barbeau. J'y tenais un tout petit rôle, ce qui me permettait de toucher à tout: régie, éclairage, assistance à la mise en scène, etc.

Puis, j'ai arrêté le théâtre d'été une dizaine d'années pour pouvoir profiter des vacances avec les enfants. J'ai recommencé en 2001, quand le directeur du théâtre du Chenal-du-Moine, à Sorel, m'a demandé de faire la mise en scène d'une pièce de Ray Cooney.

Q : Un mentor, un acteur que vous admirez?

R : Jean-Louis Millette... disparu trop tôt en 1999. Le matin, il tournait dans Symphorien de Marcel Gamache; le soir, il apprenait par coeur des répliques du Roi Lear, vivant comme un ermite au milieu de ses nombreux livres. Il jouait dans des émissions jeunesse, faisait des voix, du doublage (on a travaillé ensemble sur Les Simpson). Il était l'interprète de Victor-Lévy Beaulieu et jouait pour Gilles Latulippe.

Jean-Louis m'a fait réaliser qu'au fond, une comédie légère ou une pièce expérimentale, c'est le même processus: engager des acteurs, construire un décor, faire des répétitions, une mise en place, etc. Puis présenter la production au public en souhaitant que ça marche...

Pour moi, le métier, c'est ça. Il n'y a pas de petites jobines et des contrats nobles. Il y a du travail. Point. Mon parcours est varié. Comme une grosse courtepointe, avec plein de couleurs, avec laquelle je peux me réchauffer.

Q : En plus de jouer dans Motel des Brumes et de signer une mise en scène à Eastman, vous avez dirigé Pierrette Robitaille, Luc Senay, France Pilote et Jacques Girard dans Vivement lundi, une création de Carole Tremblay. Quel en est le sujet?

R : On suit deux couples dont la relation a de l'eau dans le gaz. Un week-end, les deux hommes et les deux femmes se retrouvent chacun de leur côté. On est devant des archétypes de la vie de couple au quotidien. Leur couple va éclater puis se refaire. Et l'histoire, c'est comment ces couples vont se refaire. Ce n'est pas burlesque. C'est une comédie de situation très charmante.

Vivement lundi, jusqu'au 31 août, au Pavillon de l'île, à Châteauguay.