Le Théâtre à corps perdus s'intéresse aux sujets qui «provoquent des malaises» et qui ont «un impact sur le corps». Des sujets dont «on a du mal à parler à table», nous dit sa directrice Geneviève Blais. Après avoir exploré l'univers de la guerre avec Combats, celui du deuil avec Blanc et de la folie dans Les châteaux de la colère, la metteure en scène aborde avec Empreintes le thème de l'avortement.

Geneviève Blais, qui a fait partie de la première cohorte de diplômés du programme de mise en scène à l'École nationale de théâtre, en 2003, s'intéresse à la poésie concrète. «J'aime le contact entre le réel et la fiction», nous dit-elle. Pour créer Empreintes, elle a entrepris une véritable démarche archéologique qui s'est étirée sur une période de cinq ans. Outre les quelque 50 femmes qu'elle a rencontrées, Geneviève Blais s'est aussi entretenue avec des médecins et des infirmières qui ont pratiqué des avortements.

«Pourquoi ces femmes sont-elles venues me voir? C'est la question que je me suis posée lorsque j'ai commencé à les rencontrer individuellement, nous dit Geneviève Blais. Elles avaient besoin de dire, de comprendre. Il y a peut-être aussi une sorte de culpabilité, le goût de mettre un peu de poésie sur cette chose-là. La vérité, c'est que les femmes doivent avoir accès à des traitements dignes, en fonction de leurs choix. On parle beaucoup de l'avortement comme sujet politique ou juridique, mais je voulais qu'on en parle comme quelque chose qui touche les femmes dans le plus profond de leur être. Simplement pour en parler.»