Le Festival d'Avignon a présenté lundi une 67e édition largement tournée vers l'Afrique dont est originaire l'un des deux artistes associés invités cette année, Dieudonné Niangouna, et marquée par l'ouverture d'un nouveau site de résidence et de spectacle, la FabricA.

«La banlieue, les quartiers, l'Afrique: nous avons été marqués cette année par ces territoires pleins d'énergie», a souligné la codirectrice du festival, Hortense Archambault, lors d'une conférence de presse.

Mme Archambault et son alter ego Vincent Baudriller, qui passeront la main l'an prochain à Olivier Py après dix ans d'aventure artistique à Avignon, ont dévoilé lundi une édition «feu d'artifice», où seront présents les artistes les plus radicaux de la scène contemporaine.

Invités d'un soir, l'Italien Romeo Castellucci, le Flamand Jan Fabre, qui avait secoué l'édition 2005 par son audace, le Français Frédéric Fisbach, le Suisse Christoph Marthaler, l'Allemand Thomas Ostermeier, entre autres, donneront une lecture ou un court spectacle. Ils ont été tour à tour «artistes associés» du Festival, lui donnant sa couleur particulière au fil des ans.

Cette année, cet honneur revient pour la première fois à un Africain, Dieudonné Niangouna, originaire de Brazzaville, et au metteur en scène français Stanislas Nordey.

«On s'est vus très souvent avec les deux artistes associés, on a mangé du crocodile, on a bu de la bière ngock au bord du fleuve Congo pour préparer cette édition», a expliqué Vincent Baudriller.

Niangouna, auteur, acteur et metteur en scène francophone à la langue foisonnante, créera Shéda dans la carrière de Boulbon, un des lieux emblématiques du Festival.

Autour de Niangouna, toute une jeune génération du continent africain est invitée cette année, de Brazzaville, Kisangani, Lagos, Ouagadougou et Le Cap.

Faust en version intégrale

Dans le cadre magique de la Cour d'honneur, Nordey dirigera Emmanuelle Béart et Jeanne Balibar dans une pièce de Peter Handke, Par les villages.

«Il s'agit d'un poème dramatique. J'avais envie de mettre en scène une parole ouvrière», a expliqué Nordey. Il y jouera un écrivain qui part voir son frère ouvrier (Laurent Sauvage) et sa soeur employée (Emmanuelle Béart) après la mort des parents.

Au total, la «ville-théâtre» du sud de la France va accueillir du 5 au 26 juillet 40 spectacles dont 21 créations et 12 premières en France, avec un budget de 12,7 millions d'euros.

Les deux codirecteurs voient pour leur dernière année aboutir le projet d'un nouveau lieu, à la fois résidence d'artistes, salle de répétition et de spectacle, caressé depuis 8 ans: la FabricA, construite à 900 m des remparts dans un quartier populaire d'Avignon.

Le 5 juillet, le groupe F, basé à Arles et connu dans le monde entier pour ses spectacles pyrotechniques, donnera le coup d'envoi du festival devant la FabricA.

Quelques jours plus tard, la version intégrale en huit heures en allemand surtitré du Faust de Goethe mis en scène par Nicolas Stemann étrennera la salle de 600 places de la FabricA. Ce Faust intégral, jamais donné en France, avait créé l'événement au Festival de Salzbourg en 2011.

Parmi les autres événements de 2013, un Roi Lear revisité par le metteur en scène français Ludovic Lagarde (Lear is in town) dans la Carrière de Boulbon et le Cabaret du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski (Kabaret Warszawski) à la FabricA.

Dans la Cour d'Honneur, Jérôme Bel, explorateur sans frontières de la danse et du théâtre, mettra en scène 17 spectateurs d'Avignon, qui témoigneront d'émotions fortes ressenties dans ce lieu magique ces dernières années.

En clôture, le chorégraphe français Boris Charmatz et la Belge Anne Teresa de Keersmaeker danseront en duo sur la Partita N°2 pour violon seul de Bach dans la Cour d'honneur.