Les enfants aiment bien avoir peur. Clara dans les bois, qui prend l'affiche demain à la Maison Théâtre, leur donnera probablement des frissons tout en les faisant rigoler. Parce que les émotions, ça fait grandir.

Clara vient de sortir de son cours de violon et son papa, qui n'est jamais en retard, n'arrive pas. Que se passe-t-il? A-t-il cessé de l'aimer? Pourquoi l'a-t-il oubliée?

Le jeune auteur Pier-Luc Lasalle est parti de ses propres souvenirs d'enfance pour écrire cette pièce. «J'ai vécu ça quelques fois, enfant. Mon père finissait toujours par arriver... mais je me posais ces questions-là. Je dirais qu'encore maintenant, quand j'attends quelqu'un, mon imagination part en peur!»

C'est cette propension qu'ont les enfants à s'inventer des histoires qui l'a inspiré pour Clara dans les bois. On sentira bien sûr les craintes de la petite fille - «Il le faut, c'est important!» -, mais elle se créera aussi un monde imaginaire fantaisiste pour passer le temps et penser à autre chose: elle aidera une cantatrice à retrouver sa voix, suivra un écureuil dans les bois, rencontrera des animaux... «Elle ne s'enlise pas dans l'inquiétude, ça va plutôt en montagnes russes.»

Mis en scène par Hélène Blanchard, Clara dans les bois est la 25e création du Théâtre des Confettis. Autant dire que Pier-Luc Lasalle sent que sont texte est entre bonnes mains.

«Ils ont une rigueur, un bel imaginaire..., dit-il, conscient de sa chance. Il y a beaucoup de compagnies de théâtre jeunesse d'expérience au Québec et pour les jeunes auteurs, c'est un avantage.»

Théâtre d'ombres

Hélène Blanchard a ainsi créé autour de Clara tout un théâtre d'ombres. Une évocation qui rend la pièce plus riche que si tout était montré sur scène, estime-t-il.

«Ça aurait aussi pu être fait en vidéo, mais il y a quelque chose d'artisanal qui rend le spectacle plus organique. Et puis, le rythme de la représentation n'est pas dominé par la technologie, puisque tout se passe sur ou derrière la scène.»

À 30 ans, Pier-Luc Lasalle a déjà plusieurs pièces pour adultes à son actif et a traité de sujets durs, comme le deuil (La fête à Jean) ou la rupture amoureuse (L'anatomie du chien). Clara dans les bois est sa première incursion du côté du théâtre jeunesse, qu'il aborde après avoir fait un stage à Reims, en France, à Charleroi, en Belgique, et à Montréal.

«En fait, j'avais écrit une pièce jeunesse pour entrer à l'école de théâtre. Je me suis rendu compte, après ce stage, et surtout après avoir vu beaucoup de pièces pour enfants, qu'il y avait trop de mots dedans...»

Il faut avoir encore plus conscience de son public quand on écrit du théâtre jeunesse, constate-t-il.

«Quand on écrit pour les enfants, il faut épurer, laisser parler les images. Il faut choisir chaque mot et s'assurer qu'il compte.On choisit aussi ses mots quand on écrit pour les adultes! Mais peut-être faut-il plus de précision avec les enfants.»

Et bien sûr, il est important de donner aux jeunes de l'espoir et de la lumière. «On ne peut pas être cynique... Oui, il faut que le père arrive à la fin!»

Liberté

Mais auparavant, Clara sera passée par bien des émotions. «C'est ce qu'on veut vivre au théâtre de toute façon, des émotions. Mais Clara ne s'apitoie pas sur son sort et elle en profite pour découvrir plein de choses.»

Et lui, il en profite de son côté pour dire aux enfants qu'il faut aller à la rencontre de ses émotions, que vivre des choses angoissantes, ça fait grandir - «mais je crois que je le dis de manière plus subtile que ça!» -, qu'on peut s'évader dans sa tête quand les choses ne vont pas à notre goût et que nos parents seront toujours là pour nous...

Pier-Luc Lasalle a bien hâte de voir l'accueil du public, mais il sait déjà qu'il voudra retravailler pour les enfants.

«J'aime cette liberté et l'idée que je peux les toucher avec parfois un petit détail, ce qui m'oblige aussi à être rigoureux et précis. Moi, j'ai des souvenirs de théâtre marquants. Et maintenant que je suis père (il a un petit garçon de 17 mois), j'aimerais écrire en pensant à mes enfants, bien faire les choses pour nourrir comme il faut les petites éponges qu'ils sont.»

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Clara dans les bois, à la Maison Théâtre, du 9 au 30 mars. Pour les 4 à 8 ans.