Il revient de Paris où il a joué dans le Caligula (remix) de Marc Beaupré. Le voici de nouveau sur les planches dans le rôle d'Alex De Large, jeune délinquant immortalisé au grand écran par Malcolm McDowell dans le film de Stanley Kubrick. De grands souliers à chausser, que Maxime Le Flaguais a bien l'intention de porter.

À sa sortie en 1971, le film de Kubrick avait créé tout un émoi en transposant à l'écran le personnage tordu d'Alex De Large, imaginé par Anthony Burgess dans son roman paru une dizaine d'années plus tôt. Celui d'un jeune chef de bande hyperviolent, semant la terreur avec ses frères d'armes, les droogies. Kubrick les avait coiffés d'un chapeau melon et armés d'une canne. Ils portaient aussi des jockstraps par-dessus des habits blancs et buvaient du Moloko, une boisson laiteuse au speed!

Comme tous ceux qui ont vu le film ou lu le livre, Maxime Le Flaguais a été marqué par ce récit futuriste découvert à l'adolescence. «Mon frère avait été très influencé par le film. Au point où il portait le chapeau melon et la canne! L'été dernier, j'ai revu le film tout à fait par hasard. J'ai mieux compris le deuxième niveau de lecture, la satire et la fantaisie de l'auteur», explique le comédien, qui incarne le personnage d'Éric Lanoue dans Trauma. Le lendemain de sa «soirée Kubrick», il a reçu l'appel de la metteure en scène Véronique Marcotte, qui lui proposait le rôle principal!

Questions, réponses

Q: Comment t'es-tu préparé à jouer ce rôle?

R: J'ai arrêté de boire et j'ai commencé à faire des arts martiaux! Je voulais être entièrement lucide et alerte pour aborder ce rôle. Parce que même s'il se drogue, Alex De Large n'est pas dans la brume. Il n'est pas vaporeux. Il a malgré tout une tête sur les épaules.

Q: C'est quand même un délinquant dangereux!

R: Oui, mais je ne crois pas que c'est un psychopathe. Ce n'est pas un tueur en série. Dans le roman de Burgess, De Large a 14 ans. Il est insouciant, fougueux et impulsif. Dans le film et dans la pièce, il est plus vieux, ce qui rend son comportement peut-être plus difficile à comprendre.

Q: En effet, à 25 ans, il est censé avoir un meilleur jugement. Comment le vois-tu, toi?

R: Peu importe son âge, il n'arrive pas à s'intégrer dans la société. Moi, je le vois comme un esthète. Il est drôle, attachant, charmeur. C'est ce qui le rend attirant. Il reste que lorsqu'il voit du sang gicler, il trouve ça beau.

Q: Au lieu d'être quatre droogies, vous serez trois, avec Danny Gilmore et Félix-Antoine Tremblay. Est-ce que vous serez habillés comme les personnages de Kubrick?

R: Non, on a décidé de s'habiller en noir. Un peu dandy, mais à la mode d'aujourd'hui. On ne portera pas de jockstrap non plus...

Q: Quelle est la réplique d'Alex qui t'a le plus marqué?

R: Lorsqu'il commence son fameux traitement Ludovico [une thérapie du gouvernement pour éradiquer la délinquance], Alex dit: «Pourquoi chercher la cause du mal? Est-ce que vous cherchez aussi la cause du bien? Moi, je fais ce que je fais parce que j'aime ça. La vie est un grand zoo inhumain...»

Q: Une fois qu'il est relâché dans la société, après son traitement, la violence se retourne contre lui...

R: Oui. Toute la critique de Burgess est là. On ne peut pas forcer les gens à être bons. Je vois ça comme un conte macabre. Il frappe, mais il finit par se faire digérer par la société, qui se venge sur lui de manière tout aussi violente.

Au Théâtre Olympia de Montréal du 13 au 16 février, ainsi que les 8 et 9 mars, et en tournée à Québec, Gatineau et Sherbrooke.

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Une première mise en scène pour Véronique Marcotte

Mieux connue comme auteure (Coïts, Tout m'accuse), Véronique Marcotte a signé la mise en scène des Jeux du Québec l'été dernier ainsi que le spectacle de clôture du Festival international de littérature (FIL) au Lion d'or, mais il s'agit de sa première mise en scène pour le théâtre.

«J'avais lu le roman d'Anthony Burgess au moins trois fois, je suis donc partie de là», raconte-t-elle. Avec Alexandre Goyette et Denis Bouchard, l'équipe de création s'est inspirée de l'adaptation française signée Nicolas Laugero Lasserre et Alexandre Berdat. «Une de nos grandes interrogations a porté sur le dernier chapitre du livre.

Parce que dans le roman de Burgess, l'histoire se termine par la réhabilitation complète d'Alex, qui devient bon, tandis que dans le film de Kubrick, le dernier chapitre a été coupé. Malgré les traitements, Alex demeure pareil à lui-même... Nous avons décidé de garder une fin ouverte, ce sera au spectateur de décider.»

Véronique Marcotte a opté pour une mise en scène minimaliste, avec un DJ qui jouera live sur scène et des projections (de la firme Geodezik) qui serviront à représenter les lieux. Roger La Rue sera le narrateur d'Orange mécanique. Les autres comédiens sont Danny Gilmore, Félix-Antoine Tremblay, Sylvain Marcel, Marianne Thomas et Geneviève Langlois.