Depuis sa revitalisation de 1996-1997, le Théâtre du Nouveau Monde n'a cessé d'accroître ses activités. Il souhaite donc s'agrandir. Sa directrice Lorraine Pintal veut que ce projet de 12,5 millions se réalise avant le 375e anniversaire de Montréal, en 2017, mais Québec n'a pas d'argent. Du moins, pas pour l'instant.

L'agrandissement du TNM est dans les plans du théâtre depuis plusieurs années. «On veut rattraper le manque d'espaces qu'on n'a pu avoir en 1996-1997, dit Lorraine Pintal à La Presse. J'avais dit à Jacques Parizeau à l'époque que cette revitalisation ne répondrait pas à toutes les fonctions du TNM.»

Le théâtre a connu une forte croissance de sa fréquentation. Avec quelque 10 500 abonnés, il ne répond pas adéquatement à cette affluence. «On est occupé 300 jours sur 365», assure Mme Pintal.

Proche du Café du Nouveau Monde, très populaire, l'aire d'accueil ne serait pas assez grande pour servir correctement le public les soirs de représentation.

«C'est une vraie course à obstacles, souligne la directrice. Il faut aller à la billetterie, bifurquer vers le vestiaire, revenir vers la salle, ça crée des cohues.»

Ajout d'un étage

Le projet comprend l'ajout d'un étage pour installer une deuxième salle de répétition, de nouveaux espaces administratifs et de production pour tenir compte de la croissance du personnel, et des espaces d'entreposage et de présentation de la collection de costumes et de rideaux de scène.

Mme Pintal dit que le théâtre est dans une zone où de nouveaux bâtiments ont surgi avec une belle architecture moderne (l'Adresse symphonique, le 2-22, la Maison du développement durable) et que, «tout en rendant hommage au talent de Dan Hanganu», le TNM a besoin de «revoir sa signature architecturale».

Projet réduit

Le projet avait été transmis à l'ex-ministre de la Culture Christine St-Pierre il y a cinq ans. Elle l'avait trouvé trop onéreux. Le TNM l'a donc ramené de 18 millions à 12,5 millions, soit à peu près le coût de la revitalisation de 1996-1997.

«Le projet a été approuvé par le Conseil des arts et des lettres du Québec, rappelle Mme Pintal, mais le nouveau ministre de la Culture, Maka Kotto, nous a prévenu qu'il n'y a pas d'argent pour l'instant pour le réaliser.»

Le TNM estime qu'il serait capable d'aller chercher deux millions sur les 12,5 millions du projet. Québec aurait donc à verser 7 millions et Ottawa, 3,5 millions. Mais si Québec et Ottawa ne sont pas capables d'avancer de telles sommes, Lorraine Pintal est-elle prête à aller chercher un commanditaire privé?

«Je ne ferme aucune porte si ça nous permet de procéder plus rapidement à la rénovation, répond-elle. Je pense que le conseil d'administration serait très ouvert à cette possibilité.»

Lorraine Pintal verrait d'un bon oeil la création d'un Espace culturel portant le nom d'une grosse entreprise avec à l'intérieur plusieurs organismes dont le TNM. Mais aucune démarche n'a été prise en ce sens car il faut d'abord que l'État s'engage auparavant à financer une grosse partie de l'agrandissement.

«On n'a pas été considéré lors du dernier budget comme priorité, ce que je peux comprendre, dit Lorraine Pintal. On a quand même profité, le milieu théâtral, d'un maintien d'actifs. Mais on doit répondre à notre dysfonctionnement et à notre difficulté à répondre à nos besoins. J'espère que cette année 2013 sera plus faste et suscitera davantage de projets de développement. Dont le nôtre!»

Lorraine Pintal dit espérer que la volonté et les engagements exprimés tant par le gouvernement péquiste que les représentants fédéraux lors du dernier Rendez-vous culturel 2012 s'expriment dans les faits. « Quels sont les gestes concrets qu'on va poser pour nous permettre de grandir? On va voir», lâche-t-elle.