Après Il Campiello de Goldoni, Bar de Spiro Scimone et Frères de Francesco Silvestri, c'est avec l'auteur Ascanio Celestini que Luce Pelletier, du Théâtre de l'Opsis, a décidé de poursuivre son cycle italien, entamé il y a deux ans. Sa pièce La coopérative du cochon, adaptée du roman Récit de guerre bien frappé, est une courtepointe de souvenirs de guerre tissée par une famille italienne.

La pièce s'ouvre sur une scène hyperréaliste. Nous sommes dans un salon funéraire, où Nino vient de rendre son dernier souffle. Ses enfants, réunis dans une antichambre du salon, évoquent tour à tour les souvenirs de guerre du patriarche. Chacune des histoires narrées par les cinq enfants donne lieu à une courte représentation, où tous les membres de la famille jouent un rôle. Un peu à la manière d'une joute d'impro.

Ce théâtre de narration, qui multiplie les ruptures de ton, est au final assez agaçant. Des allers-retours qui sont autant de coïts interrompus. On embarque pourtant à fond dans ces histoires reconstituées, à la fois dramatiques et pleines d'humour, rythmées par des musiques suaves, mais c'est pour chaque fois nous en extirper. Comme si, au milieu d'un film, on allumait cinq fois les lumières, pour faire parler le scénariste.

Cela dit, la mise en scène de Luce Pelletier est très inventive, notamment dans l'emploi des vêtements accrochés au vestiaire du salon funéraire, qui permettent plus tard de représenter les personnages et les victimes de ces récits de guerre, anecdotiques, mais aussi touchants. Le décor d'Olivier Landreville crée un espace de jeu vraiment intéressant pour les comédiens.

Luc Bourgeois est à la fois craquant et touchant dans le rôle du barbier qui ressuscite les morts. Pareil pour Olivier Morin, brillant dans son rôle du jeune Primo, pris en otage par deux Polonaises. Comme France Parent, savoureuse dans le rôle d'une mouche, qui conclut un pacte avec la vierge Marie (Louise Cardinal). Et Martin Héroux en Polonaise ou encore dans la peau du père de Nino.

Le lien avec la coopérative du cochon est assez habile, puisque les cinq histoires qui nous sont contées sont celles de cinq habitants de San Lorenzo. Des habitants qui se sont un jour cotisés pour acheter un cochon volé à un Allemand. Cinq destins qui s'entrecroisent assez habilement, pour nous livrer ces tranches de vie, profondément humaines, souvent absurdes, comme la guerre.

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La coopérative du cochon, jusqu'au 3 novembre au Théâtre Prospero.