Les tout-petits seront particulièrement gâtés cette année à la Maison Théâtre, qui ouvre justement sa saison avec une pièce sans paroles pour les 2 à 5 ans, Derrière la porte. Présenté dans une configuration intime - directement sur la scène -, ce théâtre de marionnettes créé par la compagnie française S.O.U.P.E. nous entraîne dans un univers parallèle où un «monsieur» poursuit une «madame», joue au chat et à la souris avec une girafe et habite dans une maison aux angles pas tout à fait droits.

Faite de sons et de lumière, portée par une ligne musicale simple, parfois même chantée par les deux comédiennes-manipulatrices Delphine Bardot et Yseult Welshinger, Derrière la porte n'a pas une trame narrative en ligne continue. Elle est toute simple, cette histoire - monsieur finira-t-il par rencontrer madame? -, mais on prend plusieurs chemins pour arriver à cette rencontre. Surtout, on ouvre plusieurs portes, qui mènent chacune à un monde étrange et mystérieux. Des mains se chicanent, les nuages sont de la barbe à papa, les personnages s'envolent au-dessus d'un carrousel, des sonneries stridentes retentissent, les miroirs reflètent les personnages la tête en bas...

Construit d'une superposition de boîtes qui s'ouvrent chacune sur un univers différent, le décor ressemble à un assemblage de maisons de poupées, toutes minutieusement aménagées. Au centre se trouve une espèce de corridor d'hôtel autour duquel sont disposées 10 portes. Monsieur y entre et en sort, changeant lui-même d'apparence d'un côté à l'autre, parfois pantin de carton articulé en deux dimensions, parfois marionnette de tissu portée ou à gaine. Au début de la représentation, on voit même son image projetée sur un écran, puis en sortir transformée...

Le résultat est une pièce ingénieuse aux allures de bric-à-brac, un amusant collage qui suit les méandres de la pensée des enfants, fait de flashs, de coq-à-l'âne, de rires pour des petites choses et d'étonnements. Une pièce hors tradition, légèrement surréaliste, qui ne semble pas dérouter les jeunes spectateurs.

Par contre, elle leur demande une attention très soutenue tellement tout y est petit, très petit même. Et bien que la manipulation soit lente et délicate, et que grâce à l'aménagement de la scène tout le monde soit placé assez proche, les accessoires sont si minuscules, les marionnettes semblent parfois si loin qu'il est difficile de se sentir concerné et d'aller «derrière la porte» avec elles.

On ressort tout de même de ce spectacle en chantonnant, avec l'impression que tout est possible, même les girafes volantes.

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Derrière la porte, jusqu'au 9 octobre à la Maison Théâtre.