Avec son théâtre d'objets drôle et intelligent, la compagnie française Bob Théâtre s'amuse à faire peur aux enfants et à leurs parents. La troupe ramène son Nosferatu à Montréal pour trois représentations. Une vraie histoire de vampires qui s'inspire des films de Murnau, Herzog et Coppola.

Nosferatu est né du désir de ses créateurs de présenter aux enfants un univers noir et dramatique. «Le théâtre pour enfants me laisse souvent sur ma faim, explique l'auteur, Denis Athimon. Je voulais répondre à tous ces spectacles rose bonbon qui finissent bien. Le nôtre est en noir et blanc et il finit mal. Et nous n'avons pas une tronche sympathique non plus!»

«Mais les enfants aiment avoir peur, constate-t-il, et s'en accommodent même très bien. «On s'est demandé pourquoi ils n'auraient pas droit à ça eux aussi. En général, ça se passe d'ailleurs très bien pendant les représentations. Une fois, une classe au complet est partie au tout début du spectacle. Mais je pense que c'est davantage les adultes qui avaient peur que les enfants.»

«Le fait que ce soit du théâtre d'objets, plutôt que des acteurs qui incarnent des personnages, donne aussi le recul nécessaire pour qu'ils en saisissent l'ironie. «Ça amène un décalage, c'est vrai. Mais il faut vraiment respecter l'âge minimum. Parce que non seulement les plus petits ne comprennent pas le deuxième degré, mais ils prennent le premier degré en plein front!»

L'humour et la dérision sont au rendez-vous de ce spectacle qui fait frissonner les enfants et rigoler leurs parents. «Il y a plein de gags drôles et cons à la Monty Python dans la pièce!» Nosferatu est même parfois présenté pour un public d'adultes seulement, et leurs autres pièces suscitent également l'adhésion des grands. On a pu le constater lorsque Bob Théâtre a présenté Princesse K le printemps dernier.

«Je ne sais pas comment parler autrement aux enfants qu'en adulte, admet Denis Athimon. Alors c'était notre défi: arriver à raconter une histoire de vampires faite pour les petits sans oublier les grands.»

L'auteur et comédien aime bien observer les gamins qui regardent leurs parents rire alors qu'eux ne voient rien de drôle. «Mais ça leur fait des trucs à se raconter à la fin de la pièce, ça crée un dialogue. Moi, c'est ce que je préfère, c'est là que ça prend tout son sens.»

Denis Athimon et son compère Julien Mellanon ont créé Nosferatu en 2003. Depuis près de 10 ans, ils présentent donc leur pièce un peu partout dans le monde, et constatent que le thème du vampire est universel. «Il y a vraiment une convention autour des histoires de vampires, qui touche tous les milieux, tous les pays. Nous, on est assez fans du genre.»

C'est le cinéma qui les a d'abord inspirés pour créer le climat du spectacle. L'ambiance de Murnau, le récit de Herzog - «une histoire horrible qui finit hyper mal...» -, les effets à la Coppola... «On l'a en fait écrit comme un scénario de cinéma. Ensuite, il a quand même fallu l'adapter pour les planches. Mais c'est vrai que le théâtre d'objets appelle ça le champ-contrechamp, le zoom, le plan large...»

Le théâtre d'objets permet aussi d'installer les choses vite, d'incarner un personnage dans une de ses particularités - «lorsqu'on voit le père Ubu, par exemple, incarné par un pot de cornichons au vinaigre, on comprend tout!» -, de créer un univers à part. Moins complexe que les marionnettes, qui demandent aux manipulateurs une véritable formation, il est simple, mais ne connaît aucune limite. «On n'a besoin de rien, en fait. Seulement d'y croire.»

Nosferatu, du 6 au 8 septembre aux Écuries. Pour les 8 ans et plus.