Elles n'ont pas froid aux yeux ces Biches pensives, le nom donné par Annie Darisse et Dominique Leclerc à leur compagnie de théâtre. Pour leur quatrième production, ces jeunes «trentenaires férues de création» proposent une pièce d'un jeune auteur de Québec, Comment je suis devenue touriste, de Jean-Philippe Lehoux. Durant 75 minutes, les deux actrices se déchaînent littéralement sur la petite scène de La Licorne, laissant voir non seulement leur belle complicité artistique, mais aussi le grand registre de leur jeu.
Le texte de Lehoux explore notre besoin de voir du pays, mais aussi la nécessité du voyage intérieur qu'on doit faire, un jour ou l'autre. Alexandra (Annie Darisse), serveuse dans une crêperie bretonne, mène une petite vie tranquille chez elle à boire des verres. Quand soudain une factrice, venue lui livrer un colis, fera surgir l'Alexandra de son passé (Dominique Leclerc). On revoit alors la jeune femme qui, un an plus tôt, a parcouru les États-Unis en autostop, dans une déroutante quête initiatique. La voyageuse se transforme en une militante altermondialiste allergique à la consommation et au tourisme abrutissant.
Avec sa comédie par moment savoureuse, quoiqu'assez touffue et lente à décoller, Lehoux interroge le déchirement, le paradoxe occidental. Peut-on concilier nos idéaux de conscience sociale et notre désir de bonheur personnel? Ou bien, notre sécurité et notre confort individuel vont-ils à l'encontre du bien commun?
Des questions d'actualité qui ne sont toutefois pas bien servies dans le style de cette comédie qui se conclut par une image romantique à la Disney!
La mise en scène est bien assurée par Michel-Maxime Legault qui transforme le plateau en véritable champ de bataille ludique et kitsch (la peluche rose, les tissus fleuris et les costumes rigolos donnent la facture esthétique).
Mais cette proposition de fin d'été vaut surtout le détour pour voir à l'oeuvre un solide duo d'actrice.
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Comment je suis devenue une touriste. De Jean-Philippe Lehoux. À La Licorne, jusqu'au 7 septembre.