Le Théâtre de la Dame de Coeur fête ses 35 ans cette année et offre à compter de ce soir une nouvelle création, La prophétie des mouffettes, qui arrive trois ans après La montagne qui marche. Un spectacle qui sera présenté tout l'été dans le cadre magnifique d'Upton et qui amène la compagnie un pas plus loin.

«On essaie de sortir de nos sentiers lors de chaque création, explique le directeur artistique Richard Blackburn. Cette année, pour la première fois, c'est une comédienne en chair et en os qui est au coeur du récit.» Elle est entourée évidemment de marionnettes géantes, marque de commerce de la compagnie, dont trois mouffettes articulées «deux fois plus grosses qu'un ours polaire» et des nains de jardin absolument craquants.

«Ce sera un spectacle plein de fantaisie, d'humour et d'émotion, dit Richard Blackburn. On n'a pas le choix avec un titre comme celui-là! D'après un canevas que nous lui avons présenté, l'auteure Marilyn Perreault a écrit l'histoire d'une jeune femme qui revient dans le jardin de son enfance et qui retrouve un coffre qu'elle avait enterré en compagnie de son grand-père quand elle avait 8 ans. Tout devient plus grand que nature, les objets comme les sentiments.»

Par exemple, la scène de 300 degrés est entourée de fleurs d'une douzaine de pieds (un peu moins de 4 m), manipulées par des pneumatiques. Elles chantent et dansent avec leurs pétales et leurs pistils, formant une espèce de choeur qui incarne le grand-père disparu. Comme Alice, Fleur plonge ainsi dans un autre univers, dans un jeu de miroir qui fait s'animer les souvenirs magnifiés de son enfance.

Encore plus de précision

Techniquement, la Dame de Coeur crée des marionnettes de plus en plus réalistes et animées avec encore plus de précision. «On veut toujours pousser plus loin l'ingénierie. Mais il y a toujours de la place pour quelqu'un qui fabrique une marionnette avec un bout de bois et un clou: pas besoin de technologie pour que passent les émotions.»

Mais en 35 ans, les marionnettes géantes de la Dame de Coeur sont bien sûr devenues moins lourdes, de plus en plus flexibles, naturelles et «émotivement efficaces». «C'est comme un instrument de musique. Dans La montagne qui marche, nous avions un clavier de cinq boutons pour le visage de la tortue. Ceux des mouffettes en ont 15: ils deviennent comme des instruments de musique.»

Au-delà de ces prouesses, le secret de la Dame de Coeur a toujours été de s'adresser à la famille et d'offrir des histoires originales proches des contes et légendes, des allégories qui feront passer une bonne soirée aux adultes comme aux enfants. Richard Blackburn affirme ainsi n'avoir jamais été inquiété par la prolifération des spectacles à grand déploiement un peu partout au Québec. «Quand Les légendes fantastiques [qui ont pris fin il y a deux ans] ont commencé à Drummondville, on a eu peur: c'est juste à côté! Mais ces spectacles sont tous très différents de ce qu'on fait et ça n'a jamais eu d'impact sur notre fréquentation.»

Avec les années, Richard Blackburn estime qu'ils ont su concevoir leur langage propre tout en bénéficiant du décor naturel et des formes particulières de la Montérégie. «Les gens viennent ici chercher la différence et l'immensité. Ils adorent quand ce n'est pas «pareil comme», et on leur offre ça.»

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La prophétie des mouffettes, du 27 juin au 25 août, au Théâtre de la Dame de Coeur à Upton. Infos: 450-549-5828 ou www.damedecoeur.com