Applaudie par plus de 250 000 spectateurs en France, Le prénom est une comédie de moeurs de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. Adaptée par Maryse Warda et mise en scène par Serge Denoncourt, elle sera présentée au Monument-National dans le cadre des 30 ans de Juste pour rire.

Mettant en vedette Patrice Robitaille dans le rôle tenu sur les planches comme au grand écran par Patrick Bruel, Le prénom est un huis clos dont l'analyse des rapports humains n'est pas sans rappeler Carnage de Yasmina Reza et dont la joute verbale semble digne du Dîner de cons de Francis Veber.

Le choix d'un prénom peut s'avérer une entreprise délicate et l'annonce de celui-ci à la famille et aux amis, un véritable désastre. C'est le cas de Vincent (Patrice Robitaille), quadragénaire arrogant sur le point d'avoir son premier enfant avec sa femme (Catherine-Anne Toupin). Invité à un souper chez sa soeur (Isabelle Vincent) et son beau-frère (Gabriel Sabourin), il décide de révéler le prénom du futur bébé, point de départ d'un véritable règlement de comptes.

«Je trouvais le texte du Prénom très bon, mais je n'avais pas aimé les choix du metteur en scène et le niveau de jeu des acteurs en France. Quand Juste pour rire m'a offert de la monter, j'ai été très clair en disant que je ne voulais pas la monter comme ça. Je voulais que ça soit plus réaliste, qu'on reconnaisse nos familles, nos amis quand on fait un party et qu'on espère que tout va bien aller, et que tout se met à déraper et qu'on sort les squelettes du placard! Le plus grand défi a été de mettre le texte en québécois et avec des références québécoises», explique Serge Denoncourt, metteur en scène de la pièce dont l'action se déroule désormais dans le séjour d'un appartement se situant entre le Mile End et Outremont.

Bien réticent au style assez verbeux «à la française» de la pièce, Patrice Robitaille s'est laissé séduire par l'adaptation qu'en a faite Maryse Warda, mais surtout par le rôle de Vincent, un futur papa un tantinet baveux.

«C'est un personnage qui me ressemble beaucoup. Serge me l'a dit en répétition: «Je suis bon en casting, mais là, je me suis surpassé!» C'est un gars qui aime provoquer et dans des soupers, je suis plutôt le genre à lancer un pavé dans la mare juste pour qu'il se passe quelque chose!», dit en riant Patrice Robitaille.

À l'annonce du prénom, il se heurte aux commentaires de son ami professeur de littérature à l'Université McGill (Christian Bégin), de son beau-frère, un personnage ambigu, joueur de trombone à l'Orchestre symphonique de Longueuil, et du reste des convives.

«Je joue un bourgeois bohème de la gauche outremontaise, explique Christian Bégin à propos de son personnage. C'est un gars de principe qui a un plaisir fou à jouer avec les mots. La pièce repose sur une joute oratoire absolument jubilatoire et il est dans son élément là-dedans. Il va provoquer cette bataille avec le futur papa, qui joue au cave mais qui est beaucoup plus intelligent qu'il en a l'air.» Pour Serge Denoncourt, la clé de la popularité du Prénom réside dans le fait que tous les spectateurs peuvent s'identifier à au moins un des personnages.

«C'est une comédie de moeurs où on observe nos pairs agir et où on se reconnaît dans au moins un des personnages. Il y a deux couples et on comprend qu'il y en a un plus carré rouge et l'autre, plus carré vert. Ça s'appelle Le prénom, mais ça parle aussi de la vie de couple, de la vie sexuelle cachée des amis, de l'amitié, de l'argent, de l'éducation des enfants, etc. J'ai presque vécu ce même party chez moi plusieurs fois, chez Christian aussi, quand tout le monde s'aime, mais que ça se met à déraper après quelques verres», conclut-il.

Le prénom, au Monument-National du 20 juin au 28 juillet.