La révolution passe par la lenteur, avance le comédien et danseur Gaétan Nadeau. Pour faire le point, il faut mettre le pied à côté de la vie. Ce qu'il a fait lors d'un séjour à Rome, en 2008, au cours duquel il a exploré l'art italien, de l'Antiquité à Pasolini, en passant par l'art à caractère religieux.

Durant ces six mois passés dans le «berceau de notre civilisation», l'artiste a tenu un carnet où il a noté ses réflexions et ses chocs esthétiques. Ces écrits constituent les fondements de Personal Jesus, spectacle solo créé en 2009 et repris ces jours-ci chez Prospero.

Inspiré par les écrits intimes de Pasolini, qu'il évoque dans le spectacle, Gaétan Nadeau raconte sans détour son éveil aux choses culturelles et sexuelles. Il tisse ainsi des liens entre désirs charnels, plaisirs esthétiques et transes religieuses.

Dans un mouvement plus impressionniste que nettement dirigé, il fait dialoguer le profane et le sacré, le beau et le laid, la grâce et le grotesque. L'artiste n'a d'autre histoire à raconter que sa quête intuitive, marquée entre autres par un face à face distancié avec la foi catholique.

Gaétan Nadeau affiche un sens de la dérision et de l'autodérision (il faut le voir dans son slip doré...) qui allège l'ensemble et fait sourire. N'empêche, on regrette que son propos n'ait pas été mieux circonscrit et étoffé pour transcender l'anecdote. Derrière l'impudeur assumée, Personal Jesus repose sur une intimité courageuse et touchante, qui ne suffit pas à rendre l'expérience éloquente.

Personal Jesus, jusqu'au 15 janvier chez Prospero.