«Comédie sexuelle», «thriller érotique»... On associe rarement ce genre aux pièces de Broadway. C'est pourtant le cas avec Venus in Fur, LA pièce dont tout le monde parle à New York. Le «must see» de la saison dans la Big Apple.

Lever de rideau et retentissants coups de tonnerre au Samuel J. Friedman, un vieux théâtre d'époque de 650 sièges. Sur scène, un décor épuré: studio blanc, bureau de travail foncé et canapé ocre.

Thomas, scénariste producteur, s'apprête à mettre fin à une décevante journée d'auditions, incapable de dénicher la perle rare pour jouer dans sa pièce. «Non, il n'y en a pas une qui soit belle-slash-sexy-slash-parfaite», se plaint-il, au téléphone avec sa copine.

Sur le coup, la blonde et bouillante Vanda, en mini-jupe de cuir noir et bottes à talons hauts, entre dans le bureau. «Je suis en retard! Fuck! C'est à cause de la météo! Fuck! Je suis désolée. Fuck

L'aspirante actrice est là pour passer l'audition de sa vie. Thomas lui explique qu'il cherche «quelqu'un d'un peu différent». «Quelqu'un qui n'est pas moi? lance Vanda. Je suis trop jeune? Je suis trop vieille? Je suis trop grosse? Je suis trop petite? Mon CV est trop mince?»

Entre fiction et réalité

Cela met la table à l'envoûtante comédie Venus in Fur de David Ives, inspirée de l'oeuvre de l'Autrichien Leopold von Sacher-Masoch, à qui on doit entre autres le terme masochisme.

Pendant pràs de deux heures sans entracte, une jeune femme intense et un homme tourmenté se donnent la réplique, alternant de façon subtile entre le scénario de la pièce et leur réalité.

Vanda plonge peu à peu dans le rôle pour lequel elle auditionne, dévoile bustier et jarretelles au passage et passe de névrosée sur les stéroïdes à tigresse langoureuse.

Thomas, d'abord très sérieux, tombe petit à petit sous le charme. Alors que la tension et le désir montent entre les deux, les spectateurs embarquent complètement.

Sexy et hilarant

«Venus in Fur est intelligent et très drôle», a écrit le New York Times, qui a joint sa voix à celles des magazines Vogue et Time Out qui ont encensé ce nouveau phénomène présenté à Broadway.

Quant à Vanda, incarnée par Nina Arianda (que l'on a pu voir au grand écran dans Midnight in Paris et Tower Heist), le quotidien new-yorkais juge qu'elle est tout simplement «électrifiante».

L'interprète de Thomas, Hugh Dancy (King Arthur, Confessions of a Shopaholic) n'est pas en reste. L'Hollywood Reporter affirme qu'il «n'a jamais été aussi bon».

Avec un tel succès auprès de la critique, pas étonnant que Venus in Fur fasse courir le Tout-New York. Lorsque La Presse a assisté à la pièce, le cinéaste polémiste Michael Moore se trouvait dans la salle pleine à craquer.

La production, qui devait rester à l'affiche jusqu'au 18 décembre, déménagera ses pénates au vaste Lyceum, une salle de près de 1000 places, où elle sera présentée en séances supplémentaires du 7 février au 17 juin 2012.

Grande histoire d'amour ou simple jeu de séduction? Difficile à dire. Mais, au fond, peu importe. Ce petit bijou théâtral continuera de fasciner au moins jusqu'à l'été 2012.