Décidément, c'est l'automne des (bons) solos sur les scènes montréalaises. À La Petite Licorne, jusqu'à vendredi seulement, Rearview, de Gilles Poulin-Denis, démontre une fois de plus que des mots justes et vrais, livrés par un solide interprète, demeurent toujours puissants au théâtre.

Rearwiew fait le récit du périple intense et initiatique de Guy, un jeune homme de 27 ans qui - à l'instar de beaucoup de gars - se comporte «comme un ti-cul de 17 ans»... Après une heure, on sait toutefois peu de chose du personnage solitaire. Mis à part que Guy est mal dans sa peau, qu'il est parfois violent, qu'il parle à sa voiture (il l'a même baptisée Manu!) et qu'il aime beaucoup sa blonde.

C'est d'ailleurs au party de bureau de sa blonde que Guy croise le regard d'un homme qui le trouble et le fait sentir loser. Sans prévenir, il quitte tout de go et part sur un «road trip». La pièce commence et Guy a déjà conduit plusieurs heures dans le «no man's land» du Nord de l'Ontario, revoyant le passé défiler dans le rétroviseur de sa vie. Il tente alors de s'expliquer les raisons de sa fuite, de son mal de vivre.

L'Homo nord-americanus

Créée en 2009 par la Troupe du Jour à Saskatoon (d'où l'auteur est originaire), Rearview est ensuite partie en tournée au Canada avant de prendre l'affiche lundi dernier à Montréal. Avec un style à la fois direct, concis et imagé, Gilles Poulin-Denis arrive à donner une résonance universelle à son histoire. Son récit est ancré dans l'imaginaire nord-américain, pétri de la solitude et de l'errance des hommes qui ont conquis ce territoire.

Si le texte manque un peu de profondeur et verse dans l'humour facile, son écriture incisive est bien maîtrisée. La mise en scène efficace de Philippe Lambert rend justice à l'oeuvre. Ce dernier occupe habilement l'espace scénique, avec des changements de temps et de lieux fluides. Sur scène, Gilles Poulin-Denis a la sensibilité à fleur de peau des grands nerveux. L'acteur nous fait croire à la déroute de son personnage, même si sa prise de conscience finale semble précipitée.

Qu'importe, la plus importante rencontre que l'on fait dans une vie, c'est celle que l'on fait avec soi-même. C'est ce que Guy réalisera au bout de son voyage, lorsqu'il arrivera à vaincre ce vieux démon qui s'appelle la Peur. Pour trouver enfin la paix de l'âme.

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Rearview, jusqu'au 9 décembre.

À La Licorne.

Durée: 65 minutes, sans entracte.