La comédienne Linda Wilscam, ex-interprète de Picotine, a annulé sa participation aux Contes urbains trois jours avant la première, parce qu'elle s'oppose à l'un des contes présentés, a appris La Presse. Elle devait livrer elle-même son propre texte, La petite fille aux grosses bottines. «J'ai assisté vendredi dernier au premier enchaînement et entendu, pour la première fois, les autres textes. L'un d'eux m'a fortement ébranlée. Après une nuit (blanche) de réflexion, j'ai décidé de me retirer du projet», nous a confié hier l'auteure-interprète.

Pour la comédienne, il lui est impensable d'accepter le fait qu'un auteur nomme des acteurs et des personnalités connues dans un texte qu'elle trouve «ordurier». «Je suis membre de l'UDA [Union des artistes] depuis 40 ans. Par respect pour mes camarades, je ne peux pas accepter qu'on utilise leur nom à des fins pareilles. De plus, je ne veux pas exposer les ex-téléspectateurs de mes émissions jeunesse à un texte aussi scabreux, voire pornographique.»

La comédienne, qui aurait préféré «tenir ça au neutre», précise qu'elle ne veut salir personne ni faire de vagues médiatiques ou «porter de jugement»... Mais, visiblement, l'humour «trash», ce n'est pas sa tasse de thé. Est-il possible que l'ex-Picotine ait mal compris le mandat des Contes urbains: soit de dépoussiérer le genre, de l'éloigner du folklore, pour aborder des réalités contemporaines plus dures? «Mon texte n'est pas folklorique ou enfantin, rétorque-t-elle. Parmi les cinq autres contes, il n'y en a aucun de cette facture-là, de ce créneau-là. Et puis, je m'en fous si on dit que je suis à contre-courant. Je ne me vois pas imposer ça à mes amis, à mon public. Mon conte est un hommage à la beauté et à la pureté. Je me serais sentie souillée.»

Linda Wilscam avait fait de la promotion pour ce spectacle et même participé à l'émission d'Éric Salvail, Fidèles au poste.

«Si j'avais eu connaissance plus tôt de la facture étonnante de ce texte [...], je me serais immédiatement retirée du projet tant il est contraire à mon éthique personnelle et artistique», écrit Linda Wilscam dans un courriel envoyé, hier, à Denis Bernard, codirecteur du Théâtre de La Manufacture, qui diffuse le spectacle.

Joint par La Presse, Denis Bernard a dit qu'il ne partageait pas du tout l'opinion de la comédienne, mais qu'il respectait sa décision. «Au théâtre, il n'y a rien de pire qu'un acteur malheureux sur scène, ça rend aussi le public malheureux», dit-il.