Du sexe et de l'alcool, il y en a dans Faire des enfants. Ça, et même quelques clichés. Le jeune dramaturge Éric Noël assume et parle même d'un piège tendu au spectateur.

Suivre son instinct semble une bonne façon d'avancer pour le jeune auteur Éric Noël. Venu au théâtre sans trop savoir pourquoi, il a vite compris que sa place n'était pas avec les autres comédiens, mais dans les mots qu'ils se jettent au visage. Écrire pour la scène a été pour lui plus qu'une révélation: «Ç'a été une libération», dit le jeune homme de 27 ans.

Signe que son intuition a du pif, Faire des enfants, texte qui a couronné son cursus en écriture dramatique à l'École nationale de théâtre, n'est pas passé inaperçu. Parce qu'il commence par une rude scène d'alcool, de sexe et de drogue et, surtout, parce qu'elle lui a valu le Prix Gratien-Gélinas en 2010.

«Il y a un piège dans la pièce», assure le jeune auteur. Ce piège, c'est précisément cette première scène, qui laisse croire que sa pièce est une variation extrême sur le thème de la perte de repère et de l'autodestruction d'un jeune homosexuel (interprété ici par Dany Boudreault).

«C'est exactement ce que je voulais questionner, parce que c'est une chose qui peut devenir complaisante», dit Éric Noël, à propos de la peinture d'un certain milieu gai. En particulier au théâtre, où les relations homosexuelles ont été explorées sous bien des angles depuis Michel Tremblay -en particulier à partir des années 80. «Ç'a été fait et bien fait. J'avais envie d'aller ailleurs», précise-t-il.

«Pour l'équipe et pour moi, ce n'est pas un show sur l'homosexualité, ajoute-t-il. L'homosexualité n'y est pas un enjeu. La sexualité en est un par contre. Tout comme le rapport aux parents, à l'intimité et à la filiation.» Pour lui, l'ouverture percutante n'est qu'un moyen d'atteindre le coeur de son sujet.

Faire des enfants sort en effet de la peinture d'un certain milieu urbain pour mettre en question ce rythme de vie trash et mettre en lumière les mensonges qui peuvent fausser l'intimité. Pour explorer une noirceur qu'on transmet peut-être à notre insu. Ce que le jeune dramaturge fait dans un texte aussi dur, d'une précision chirurgicale, où les personnages semblent se parler avec leurs tripes. Le face à face, mis en scène par Gaétan Paré (Le moche), risque de laisser des marques.

Du 18 octobre au 13 novembre au Quat'Sous.