Entre deux séries télé, François Létourneau s'offre une petite vite au théâtre. Le coauteur de Les Invincibles inaugure la nouvelle Petite Licorne avec La fin de la sexualité, une comédie politico-lubrique où tous les coups sont permis. Surtout ceux en bas de la ceinture.

Hockey, soccer, boxe, football, tennis, cyclisme, aucune de ces formes de glorification de la sueur et de l'effort ne captive François Létourneau. «Je ne m'intéresse pas au sport, mais je suis un passionné de politique américaine. Je peux passer des heures à écouter CNN ou MSNBC, avoue-t-il, c'est mon sport à moi.»

Ce qui le fascine dans le jeu politique de nos voisins du Sud, c'est son côté factice. Il est notamment fasciné par l'image lisse des candidats à l'investiture républicaine. «Ils ont l'air d'être en plastique, juge l'auteur. Ça ne se peut pas, il y a un mensonge derrière ça...»

Pour s'amuser un peu, le comédien et auteur (Cheech, Les Invincibles) a justement mêlé le vrai et le faux dans une pièce campée dans les hautes sphères des administrations Reagan, Bush (père) et Clinton pour montrer comment chacune a géré le End Of Sexuality Project. L'opération ultra secrète visait à documenter la perte de désir chez l'être humain et ne serait pas étrangère aux Irangate et autre Monicagate qui ont secoué le bureau Ovale au cours des dernières décennies.

Un sous-texte sexuel

François Létourneau insiste: il y a des références historiques vérifiables dans sa pièce, comme la démission de John M. Pointdexter (un officiel du département de la Défense et de la NSA) dans la foulée du scandale Iran-Contra. «J'ai ajouté un sous-texte sexuel», précise-t-il toutefois.

Ce jeu de vérité et fiction traverse toute la pièce et s'affiche clairement. Frédéric Blanchette (qui signe aussi la mise en scène), joue un personnage appelé... François Létourneau. Le reste de la distribution (Patrice Robitaille, Émilie Bibeau, Catherine-Anne Toupin, Patrick Drolet et Létourneau lui-même) interprète une foule de figures connues, de Reagan à Jenna Bush.

François Létourneau convient qu'il n'a pas été facile de trouver le ton juste. La fin de la sexualité n'est pas jouée sur un mode réaliste, mais ne verse pas non plus dans la caricature. «Il y a un décalage qu'il faut accuser au niveau du jeu», dit toutefois le comédien, qui précise que ce n'est pas parce qu'il est l'auteur d'une pièce qu'il sait comment elle doit être jouée...

«Je ne suis pas parti d'une analyse sociologique», clarifie-t-il également. En réfléchissant à la place qu'occupe le sexe dans les médias et la pression qui l'entoure, il commence toutefois à croire que sa pièce parle en fait d'un «besoin d'intimité» inassouvi. D'où la panne de désir sexuel... qui menace la survie de l'humanité.

Comédie sur la solitude, La fin de la sexualité semble un bien drôle d'objet. Ce qui n'est pas sans déplaire à son auteur. «Je pense que j'ai aussi surpris mes amis. On a l'impression de faire un spectacle qu'on n'a jamais fait, dit-il en parlant de ses partenaires du Théâtre Ni Plus Ni Moins. Si on ne prend pas de risque dans une salle de 90 places, on n'en prendra jamais dans la vie.»

La fin de la sexualité, du 3 octobre au 4 novembre à la Petite Licorne.