Disons-le d'emblée : de toutes les propositions artistiques contenues dans le programme 2011-2012 de l'Usine C, c'est L'opéra de quat'sous, adapté et dirigé par Brigitte Haentjens, qui suscite le plus grand enthousiasme. Non seulement la metteuse en scène est sur une bonne lancée ces dernières années, comme en font foi ses spectacles Douleur exquise et La nuit juste avant les forêts, mais elle s'est aussi entourée d'une équipe de haut vol.

Sébastien Ricard, son acteur fétiche depuis quelque temps, sera son Mac The Knife. Marc Béland, Céline Bonnier, Ève Gadouas, Kathleen Fortin, Maxime Gaudette et Ève Pressault feront partie de la distribution. Avec Bernard Falaise à la direction musicale, on peut s'attendre à ce que cette version de la pièce emblématique de Brecht soit décapante. Jean-Marc Dalpé, qui a fait un travail exceptionnel sur le Hamlet présenté au TNM l'an dernier, signera la traduction de la pièce, transposée dans le Montréal de 1939.

Une pièce en japonais

Avant ce rendez-vous fixé pour le mois de janvier, l'Usine C a beaucoup à offrir. La saison sera lancée par François Girard qui, après avoir présenté Le fusil de chasse (d'après Yasushi Inoué) en français l'an dernier, en propose une version japonaise (avec surtitres) mettant en vedette Miki Nakatani (du 7 au 10 septembre). L'actrice japonaise, vue dans Soie et dans le film d'horreur Ringu, y trouve son premier rôle au théâtre.

« On revient à l'essentiel avec ce spectacle, a expliqué François Girard, qui a aussi signé Zarkana, spectacle du Cirque du Soleil présenté tout l'été au Radio City Music Hall de New York. On veut revenir à ce que cela signifie de faire un spectacle. » Miki Nakatani est en ville depuis le 22 juillet pour se préparer à ce rôle qu'elle jouera en tournée au Japon après avoir brisé la glace à Montréal.

Curiosité aussi présentée en septembre, L'or noir, spectacle mêlant littérature et musique dans lequel Arthur H s'intéresse aux poètes de la négritude (dont Aimé Césaire, évidemment). Il en fait le point de départ d'une exploration de l'oppression et de la liberté, mais aussi de la sensualité. En octobre, l'Usine C accueillera aussi Laurie Anderson et le groupe britannique foutraque Tiger Lillies.

Pippo Delbono sera de retour à Montréal pour présenter Récits de juin, solo inspiré de textes de Sarah Kane, Shakespeare et Pasolini où il parle du deuil, de la solitude, de la maladie et de sa vie consacrée au théâtre. En novembre, retenons la présentation de J'aimerais pouvoir rire (de Lucie et Angela Laurier), fort bien accueilli à sa création en France, et le retour de Moi qui me parle à moi-même dans le futur de Marie Brassard. Présentée dans la petite salle de l'Usine C au dernier Festival TransAmériques, cette rêverie intime déménage dans la grande salle.

La foisonnante programmation compte aussi Junkyard/Paradis de Mélanie Demers (en décembre), Kolik du Français Hubert Colas (en mars) et Kiss And Cry (en avril), un objet scénique à cheval entre le théâtre et le cinéma piloté par le cinéaste Jaco Van Dormael (Toto le héros, Le huitième jour) et où les personnages sont interprétés par les doigts des acteurs...

Signalons enfin que Jonathan Capdevielle, qui a offert une performance troublante dans l'horrifiant Jerk, présenté au Théâtre La Chapelle en février 2010, sera de retour à Montréal avec son premier spectacle solo, Adishatz/Adieu.