L'Université de Foulosophie, dirigée par l'inénarrable François Yo-Gourd, accueille cette semaine l'auteur, scénariste et réalisateur iconoclaste Alexandro Jodorowski, pour présenter son oeuvre... et lui remettre le titre de «grand rectum» de son université.

Comme tous les 1er avril depuis 12 ans, le «foulosophe» et «niaisologue» François Gourd célèbre «la fête des fous» avec ses consultants en rire. Avec toujours la même mission: répandre la folie créatrice et réhabiliter le côté droit du cerveau. Et des invités de marque comme Patch Adams, Noël Godin, l'entarteur belge, le clown Wavy Gravy, etc.

C'est en relisant l'autobiographie (La danse de la réalité) de celui qu'on appelle familièrement Jodo que François Gourd a eu l'idée d'inviter le réalisateur d'El topo et de La montagne sacrée, mais aussi scénariste de nombreuses bandes dessinées (aux éditions Humanoïdes) et grand timonier de la psycho-magie.

«J'ai pris contact avec Albin Michel, qui a publié plusieurs de ses livres, et je l'ai invité au Québec, raconte François Gourd. Pour présenter l'ensemble de son oeuvre, qui est loin d'être banale. Il a gentiment accepté notre invitation. Certains ont vu ses films, d'autres ont lu ses essais ou alors ses bédés. C'est un grand créateur et un grand maître.»

Ce n'est pas tout le monde qui serait honoré de recevoir le titre de «grand rectum», mais Jodorowski, né au Chili de parents russes, semble avoir été touché par cet hommage québécois, lui qui a suivi un stage à Montréal avec le mime Marcel Marceau dans les années 60, et qui a présenté ici son film El topo, en 1970. On l'a compris, il y a une grande part d'humour et d'autodérision dans la démarche de François Gourd, qui prend malgré tout son rôle au sérieux.

«Patch Adams a déjà dit que les enfants rient de 700 à 800 fois par jour, alors que les adultes ne rient que de 7 à 8 fois par jour. C'est quand même inquiétant, non? Honnêtement, plusieurs spécialistes de la psychologie se sont inspirés des travaux de Jodo.»

«La foulosophie est une matière qui prend de plus en plus d'importance, ajoute le fondateur du parti Neorhino. On le voit avec les programmes de clowns à l'hôpital ou à l'école. Notre devoir en tant qu'université est d'inviter des professeurs reconnus mondialement, de faire une synthèse du savoir foulosophique et de le diffuser.»

Quatre soirées ont donc été organisées pour marquer le rare passage de l'homme de 82 ans, qui vit aujourd'hui à Paris. Les «festivités» débutent demain soir au Monument-National avec une conférence animée par Stéphane Crête.

«Nous l'accueillerons avec une douche de papillons, un acte de psycho-tendresse, révèle François Gourd. C'est un clin d'oeil au raid poétique qu'il a fait, plus jeune, dans la maison du poète Pablo Neruda en y laissant des chrysalides pendant son absence. Quand le poète est rentré chez lui, 10 jours plus tard, il a été accueilli par des papillons!»

Quatre en un

Trois autres soirées suivront: jeudi, à l'Espace libre, il sera question de l'oeuvre théâtrale de Jodo avec Théâtre Panique et Guérison; le 1er avril, clou du Symfolium, aura lieu le Cabaret mystique hommage à Jodorowski, qui rassemblera au Lion d'or plus d'une vingtaine d'artistes de tous horizons - dont Raoûl Duguay, D. Kimm, les Abdigradationnistes, les rappeurs SCK, Didier Lucien, Marcel Sabourin, et j'en passe - pour de courts numéros.

Enfin, le 2 avril, un dîner-tarot sera organisé au Petit Extra, Jodo étant un tarologue notoire. Des projections de films auront lieu pendant tout le Symfolium. Au Cinéma du Parc (La montagne sacrée et Santa Sangre, dans le cadre du Festival du cinéma latino-américain) et à la Cinémathèque québécoise (Fando y Lis).

Le financement de cette visite-surprise proviendra essentiellement d'un souper organisé chez Armand Vaillancourt. Pour le reste, Publicité sauvage a produit les affiches, Albin Michel paie l'hébergement de Jodorowski et le Symfolium assure le cachet des artistes et les frais de transport de l'artiste. «On ne fait pas de profits, mais pas de pertes, dit François Gourd. Et puis les billets sont presque tous vendus...» À suivre, donc.

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Infos: www.udfou.com