L'art de Lemieux.Pilon4dArt en est un d'illusion. «Notre travail repose sur la perception», dit Michel Lemieux. L'idée, c'est de faire croire aux images de synthèse en trois dimensions avec lesquelles les comédiens en chair et en os interagissent. «C'est ce choc entre ces images virtuelles et la réalité de la scène avec les acteurs qui suent pour nous chaque soir qui nous intéresse», insiste le metteur en scène.

Ce fascinant mélange des genres représente un défi pour les acteurs, qui jouent avec des personnages virtuels que seuls les spectateurs voient. Il leur faut donc être particulièrement précis dans leurs déplacements et trouver un niveau de jeu qui correspond à cet univers scénique entre théâtre et cinéma.

«Ça va demander une grande discipline, prévoit François Papineau. Au théâtre, on interagit avec des humains et ça varie d'un soir à l'autre. Il y a tout le temps des petits creux qui ne sont jamais à la même place, des moments d'adrénaline aussi, des ajustements à faire entre partenaires. C'est notre métier de jouer avec du mouvant et du vivant. Là, il y a quelque chose de fixé, il faudra garder une bonne rigueur pour être dans le timing de la machine.»

«Les acteurs sur scène doivent avoir de la présence pour eux et doivent insuffler un peu de leur âme aux acteurs virtuels pour que, dans la salle, on reçoive cet échange-là», ajoute Victor Pilon. Le mélange volontairement mystérieux qu'il orchestre avec Michel Lemieux - c'est par choix que le tandem cache l'attirail technologique dont il fait usage ­- ne vise qu'une chose: susciter l'émerveillement.

«L'émerveillement, ce n'est pas rien», insiste Michel Lemieux. Pendant les quelques secondes où le spectateur s'abandonne à la beauté et à la poésie, il s'ouvre, se rend disponible à l'émotion. «Le défi, c'est de garder l'humanité, résume Victor Pilon. On se sert de la technologie pour raconter une histoire, mais ce qui est important, c'est l'émotion qui vient des acteurs.»