Concerto pour clavecin et chainsaw, solo d'Éric Robidoux, est présenté comme son premier «acte de résistance». Un «raid artistique» destiné à scalper pour mieux voir ce qu'il y a en dedans. Résistance contre qui? Que découvrira-t-on dans cet «en dedans»? Voilà les questions qu'on se pose en arrivant au Théâtre La Chapelle... et qu'on se pose encore lorsqu'on en ressort.

Un peu plus d'une heure durant, l'acteur et danseur enchaîne récitations poétiques et numéros physiques (comme courir d'un bout à l'autre de l'arrière-scène pendant des moments interminables). Que conclure de cette suite de saynètes sans queue ni tête? Qu'il faut être bien malin pour y voir autre chose qu'une entreprise maladroite.

Quelque part entre la performance poétique parasitée par une mise en scène qui veut en jeter et le freak show, Éric Robidoux s'égare. Que signifie cette bûche-femme tranchée à la scie? Meurtre misogyne symbolique? Provocation gratuite? Que penser de cette traversée à l'aveugle des pièges de chasse pendus au plafond? Métaphore de la mise en danger au plan artistique? Poudre aux yeux?

Éric Robidoux semble vouloir secouer avec ce spectacle déroutant. Mais ses coups d'éclat semblent si vides de sens qu'ils suscitent à peine le malaise. Pour tout dire, malgré certaines prouesses physiques du danseur, on s'intéresse bien plus à Bacon, le petit cochon noir bien vivant qui se balade sur scène et qu'on s'inquiète de voir renifler les pièges.

Ce Concerto pour clavecin et chainsaw a-t-il été conçu pour dire simplement que l'animal intéresse plus l'humain qu'un autre être humain apparemment en détresse? Si c'est ça, alors, oui, c'est réussi. Mais j'ai comme un doute...

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Jusqu'à samedi au Théâtre La Chapelle.