Le 50e anniversaire de la mort d'Albert Camus aura été, pour le Théâtre de la mer, le prétexte idéal pour nous présenter son adaptation du roman L'étranger, transformé en spectacle solo centré sur le personnage de Meursault.

Moni Grégo l'avoue d'emblée: si ce n'était du comédien Pierre-Jean Peters, elle n'aurait jamais monté ce texte de Camus. L'auteure et metteure en scène française se sentant plus proche d'auteurs comme Beckett, Duras ou Shakespeare.

«Humblement, je ne pensais pas être la bonne personne pour monter Camus. Il a fallu le désir de Pierre-Jean pour que je m'investisse dans ce texte et que je trouve la façon d'entrer dedans. J'ai essayé d'en faire du théâtre que je suis capable de mettre en scène.»

Quant à Pierre-Jean Peters, qui a vécu une dizaine d'années au Québec, il s'agit de sa troisième adaptation du roman de Camus à titre d'acteur. Le comédien, qui se dit passionné de cette oeuvre depuis l'âge de 15 ans, estime avoir trouvé la bonne formule avec Moni Grégo.

«J'ai commencé à m'intéresser à ce texte en 2006, raconte-t-il. J'ai travaillé activement à son adaptation avec un premier metteur en scène, puis j'ai rejoué le texte avec un autre metteur en scène, avec qui on a été plus loin. Avec Moni, je crois que l'adaptation est vraiment faite pour le théâtre.»

Moni Grégo a privilégié le spectacle solo. Et retiré tout le contenu descriptif ou anecdotique du roman. Pour ne s'attarder qu'aux choses dites et vécues par le personnage principal. Sur le ton «sec, dépouillé et direct» emprunté par Camus.

«Lorsque j'ai vu la deuxième adaptation de Pierre-Jean à Avignon, j'ai su ce que je voulais faire, dit-elle. Pour moi, c'était clair qu'il ne devait y avoir qu'un seul personnage, mais habité par un monde entier de personnes. C'est la tragédie d'un homme seul, pris dans un destin qui le dépasse.»

La musique de la parole

Ainsi est née l'idée d'un porteur de texte qui serait à la fois Meursault, mais aussi les femmes, les hommes et les Arabes présents dans le roman, suivant la chronologie imaginée par l'auteur: les funérailles de sa mère, ses sorties à la plage, le meurtre, son incarcération et son procès.

«Tout est centré sur la musique de la parole, le comportement physique quand il raconte son histoire, détaille Moni Grégo. La première moitié est éclatante, comme une lumière solaire qui s'étire jusqu'à midi, qui correspondrait à l'heure du meurtre, puis on descend avec quelques chose de plus nocturne, une lumière lunaire, qui représente son incarcération.»

On peut donc s'attendre à une mise en scène assez sobre. «Mon travail de metteure en scène ne se verra pas. J'adore les hommes, je les magnifie et personne ne voit que c'est moi qui fais tout! blague Moni Grégo. C'est un travail au corps de l'acteur, à sa manière de dire, à sa rythmique, à sa respiration. Il n'y a pas d'effets. C'est Pierre-Jean qui porte tout.»

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L'étranger, du 29 septembre au 23 octobre à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.