L'Opéra de quat'sous comporte des airs aux lignes mélodiques fortes, et même carrément accrocheuses, mais c'est d'abord une partition complexe, qui multiplie les clins d'oeil: à l'opérette, au répertoire classique, au dodécaphonisme auquel Kurt Weill s'est intéressé. «Ce qu'il faisait à l'époque devait être assez révolutionnaire», juge Pierre Benoît.

S'inspirant notamment de versions britanniques et américaines qu'il juge «plus proches de ce que nous sommes», le compositeur et arrangeur a voulu ramener le côté américain de L'Opéra de quat'sous. «Weill était très influencé par des musiques auxquelles il avait accès à travers des confrères qui avaient voyagé en Amérique», précise-t-il, avant de citer le blues et le negro spiritual.

Pierre Benoît a choisi de privilégier une approche plus brute. Sa partition musicale, interprétée par des musiciens professionnels (au nombre desquels Jean-Denis Levasseur) et des comédiens musiciens, s'appuie sur l'instrumentation qui a contribué à forger le son «cabaret allemand» de l'entre-deux-guerres: banjo, accordéon, cuivres et piano bastringue.