Revoilà déjà Étienne Lepage. Moins de six mois après la création remarquée de Rouge gueule à Espace Go, dans une mise en scène de Claude Poissant, le nom du jeune dramaturge apparaît sur l'affiche de Kick, production du Théâtre de la marée haute sous la direction de Michel-Maxime Legault. Coup de pied? Oui, et coup de gueule.

Kick reprend la forme qui avait si bien servi l'auteur dans Rouge gueule: une suite de fragments rarement mis en contexte et rassemblés sans souci de raconter une seule histoire. C'est bien sûr leur addition qui crée l'univers, à défaut de chercher à imposer un sens.

Moins cru que Rouge gueule, où l'auteur expérimentait la provocation en explorant les limites de l'authenticité et de la perversion, Kick pose un regard divertissant sur la jeunesse. Ce n'est jamais dit, mais on devine que les personnages qu'on voit défiler sur scène, le temps de quelques répliques cinglantes ou d'une anecdote hilarante, n'ont pas 20 ans.

Franc-parler

Cynisme, cruauté, amour, candeur, bêtise, angoisses existentielles, tout y est affiché sans détour. La fin de l'adolescence n'est pas l'âge des nuances, en effet. Cette franchise dans le rapport à l'Autre est un matériau qu'Étienne Lepage et Michel-Maxime Legault exploitent avec une grande habileté.

Ils s'en servent pour faire rire, bien sûr, mais sans tourner en ridicule ce qui a été énoncé ou celui qui a parlé. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants, mais on pourrait ajouter qu'il en sort encore beaucoup de la bouche des adolescents. Surtout quand ils s'émeuvent de la fausseté des rapports humains ou disent, sans arrière-pensée, des choses dures mais vraies que les règles de bienséance nous interdisent presque de penser rendu à l'âge adulte.

Kick a bien sûr un air de déjà-vu pour qui a assisté au percutant Rouge gueule, l'automne dernier. Les différences bien réelles entre les deux textes n'arrivent pas à faire oublier qu'ils ont été sculptés dans le même morceau de bois et en faisant appel à des techniques semblables. À l'avantage de Rouge gueule, pièce plus trouble et pleine de malaises que Kick.

Ce qui n'enlève absolument rien au travail du metteur en scène et des très bons comédiens (Isabeau Blanche, Marie-Claude Giroux, Sébastien Leblanc, Gabriel Lessard, Joachim Tanguay et Marie-Eve Trudel). Michel-Maxime Legault signe une production habile et fougueuse, tonifiée par l'intégration de passages dansés (chorégraphiés par Caroline Laurin-Beaucage). Bref, le coup de pied est moins dans le texte que dans le spectacle qui en a été tiré.

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Kick, jusqu'au 27 mars au Théâtre Aux écuries.