Wajdi Mouawad a dit qu'il n'était pas là pour développer une relation «mercantile» avec le public, au moment de dévoiler la saison 2010-2011 du Théâtre français du Centre national des arts, mardi. N'importe quel directeur de théâtre aurait souligné la présence d'une vedette sur ses planches. Lui n'a pas pris la peine de mentionner la présence d'Emmanuelle Béart à Ottawa, fin septembre, dans une pièce de Camus.

L'actrice française fait en effet partie de la distribution de Les justes, sous la direction de Stanislas Nordey, que le Théâtre français présente en exclusivité nord-américaine pour lancer sa prochaine saison. À ce nom célèbre s'ajoutent ceux de François Girard, qui mettra en scène une pièce en japonais (Le fusil de chasse, de Yanushi Inoué), et de Yann Martel, qui participera à une soirée de lecture autour des lettres qu'il envoie régulièrement au premier ministre Stephen Harper pour le sensibiliser à la culture.

Soucieux que le Théâtre français ne se fasse pas qu'en français, son directeur artistique a aussi programmé Vérité de soldat, une pièce en bamanan venue du Mali, basé sur la relation inusité d'un bourreau et de sa victime. Une création de Marie Brassard («Une démarche artistique que j'appuie aveuglément») et un nouveau spectacle de Wajdi Mouawad lui-même complètent les faits saillants de l'affiche dévoilée mardi.

Partisan d'un théâtre qui défend des démarches artistiques fortes et qui place des «questions insolubles» au centre du théâtre, Wajdi Mouawad a longuement développé la réflexion sur le kitsch qui, sans guider directement ses choix, a nourri le développement de sa prochaine saison. Il ne parle pas de quétainerie, mais plutôt du kitsch vu sous l'angle philosophique de la «négation de la différence».