Simon Boulerice nous accueille en pyjama dans la petite salle du Théâtre d'Aujourd'hui, avec un numéro de lipsynch. The Greatest Love of All, de Whitney Houston. Dès les premières notes, on devine la passion du jeune homme pour la musique et pour la danse... et pour Whitney Houston.

Derrière lui, sur une ardoise, le programme de la soirée: Simon et le legs; Simon et la religion; Simon et la musique; Simon et l'amour, etc. Chaque fois, le comédien y va de ses petites confidences bien personnelles, empreintes d'humour, sur ces grands thèmes de la vie. Entremêlées de numéros de danse franchement réussis.

C'est de l'autofiction théâtrale, avec le haut niveau de difficulté rattaché au genre qui mêle le vrai et le faux: intéresser les spectateurs.

Pendant toute la durée de ce spectacle solo, Simon Boulerice nous parle donc des moments heureux de sa jeunesse, de ses tours de chant à la maison; de ses dialogues avec Dieu; de ses rêves, comme celui de devenir danseur ou d'avoir un enfant. Mais aussi de ses épreuves et déceptions, essentiellement liées à son orientation sexuelle, puisque Simon est gai et l'affiche dans le moindre de ses gestes.

Touchant, mais...

Malheureusement, le comédien ne parvient pas à donner du relief à sa propre histoire, somme toute banale. On reste dans l'anecdote. Le récit enfantin.

Il y a bien sûr des scènes touchantes, comme lorsqu'il nous raconte sa rupture avec son amoureux ou lorsqu'il nous parle de la danse ou de la musique comme d'un formidable rempart contre les difficultés et les injustices de la vie. On peut certes s'identifier aux rêves brisés de ce garçon trop gracieux. Mais le contenu est ténu.

La mise en scène de Sarah Berthiaume est vive. La musique et la vidéo ponctuent bien le texte de Simon Boulerice, en recréant la petite bulle dans laquelle il vit. Les déplacements du comédien sont fluides. On le sent à l'aise dans cet univers d'adolescent.

Nouvelle tentative. À 14 ans, Mozart a recopié la partition du Miserere d'Allegri après l'avoir entendu une seule fois. À seulement 11 ans, Whitney Houston a fait pleurer les fidèles d'une église baptiste en chantant Guide Me, O thou Great Jehovah. Retour sur Simon. À 12 ans, sa voix a mué live pendant qu'il chantait Si tu entends à l'église Saint-Rémi de Napierville.

Oui, on sourit. Mais il y a une forme d'apitoiement sur soi qui finit par nous saouler. Il trouve sa voix aiguë et nasillarde, il ne sera jamais chanteur. À l'école, après un numéro de danse, il se fait écraser un gâteau Vachon sur la tête. Il voulait tant danser, mais ses parents l'ont inscrit au hockey. Il ne sera jamais danseur. Vraiment pas de chance.

Peu importe ce qui est vrai ou ce qui est faux, on comprend que toutes ces épreuves l'on amené à être ce qu'il est. Et que toutes ses expériences de vie l'ont conduit au métier de comédien. On l'en félicite. Mais il ne nous convainc pas de l'importance de raconter son histoire. Simon a toujours aimé danser. Oui, et après?

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Simon a toujours aimé danser, à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 30 janvier.