L'Académie française a remis jeudi son Prix du théâtre à l'auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad pour son «admirable réussite dramatique».

La récompense lui a été remise sous la coupole de l'Institut de France, au bord de la Seine, à la faveur de la séance publique annuelle de l'Académie. Les Académiciens en habits verts recevaient à cette occasion l'ensemble des lauréats qu'ils ont distingués au cours de l'année, soit 71 auteurs dans des domaines aussi variés que le roman, la philosophie, la poésie, la biographie historique, le cinéma, la nouvelle ou la chanson.

Wajdi Mouawad, a expliqué le directeur de l'Académie, l'écrivain Jean-Marie Rouart, a été honoré pour l'ensemble de son oeuvre dramatique, cette «odyssée moderne dans laquelle il nous entraîne, où la légende côtoie l'histoire contemporaine, où les morts côtoient les vivants, où les ancêtres parlent à leurs descendants». Il a aussi été salué, a poursuivi l'académicien, «pour l'ampleur et la force de sa tétralogie Le Sang des promesses», présentée l'été dernier au Festival d'Avignon.

Considéré comme un des plus importants auteurs de la Francophonie, Wajdi Mouawad a vécu au Liban, puis en France, où il a appris le français vers l'âge de 12 ans, avant d'émigrer au Québec. L'homme de théâtre s'est montré particulièrement touché par cette récompense, décernée par la plus prestigieuse institution de langue française et qui le renvoie à sa triple identité.

«C'est peut-être l'âge, mais je me sens de plus en plus libanais, a-t-il expliqué. Le français est l'espace que mon théâtre occupe. Je me sens aujourd'hui comme quelqu'un qui a été, dans le sens le plus magnifique du terme, accueilli dans l'espace francophone, en France et au Québec. C'est que j'ai ressenti en ce lieu hautement symbolique.»

Le Prix du théâtre a été créé en 1980 par l'Académie française. Depuis, la récompense a notamment été décernée à Jean Anouilh, Marguerite Duras, Rolland Dubillard et Valère Novarina. Wajdi Mouawad est le premier Québécois (et le premier libanais) à le recevoir.

Les Québécois honorés de la sorte par l'Académie française sont du reste assez peu nombreux. L'écrivain Jacques Godbout l'a été à deux reprises. En 2007, la prestigieuse institution lui a décerné le Prix Maurice-Genevoix pour La Concierge du Panthéon. En 1973, il avait reçu le Prix Georges-Dupau pour son roman D'Amour, P.Q..

La Grande médaille de la chanson française a par ailleurs été attribuée à Gilles Vigneault et Robert Charlebois, en 1977 et 1996.

Jeudi, elle a été remise à la grande Anne Sylvestre.