«Cette semaine, pour le prix Michel-Tremblay, qui a été attribué à René-Daniel (Dubois), il y avait 33 textes en lice. C'est quand même extraordinaire, dans une saison, d'avoir 33 créations! Je ne suis pas sûr qu'on verrait autant de créations si on allait à Paris, une ville beaucoup plus populeuse que Montréal. C'est assez incroyable.»

- Qu'est-ce que ça vous dit sur la santé de la dramaturgie québécoise?

«Ce n'est pas à nous de parler de ça. Nous, on fait notre job. Mais la culture d'un pays, c'est l'éventail de ses possibilités. Ce n'est pas juste un héros dans chaque affaire: un auteur dramatique, un joueur de hockey et une chanteuse. Depuis 30-40 ans, on se rend compte que la culture québécoise, et aussi le théâtre, s'est diversifiée.

On a tous appris que le succès d'un autre ne nous enlève rien. Avant, quand on arrivait, on avait l'impression de prendre la place des autres. Tandis que maintenant, quand quelqu'un de nouveau arrive, que ce soit Evelyne ou quelqu'un de plus jeune encore, il n'y a pas d'animosité de la part des autres.»

- Vous l'avez déjà senti?

«Quand j'ai commencé, c'est bien évident. Des gens disaient que je remplaçais quelqu'un d'autre qui avait arrêté d'écrire depuis quelques années. C'était absolument faux.»

- Nous sommes passés d'une période où on avait quelques dramaturges à une véritable dramaturgie québécoise...

«Quand on est arrivé, les auteurs et artistes de ma génération, on sentait beaucoup le besoin de tout ramener à nous. Tandis que maintenant, que ce soit Wajdi ou d'autres, ils parlent de nous mais en parlant d'autres. On s'est ouvert au monde. On est quelques-uns qui continuent à parler de nous-autres, c'est correct. Mais ce n'est plus obligé que ça se passe au Québec pour que que ce soit considéré québécois.»

- Est-ce plus facile aujourd'hui d'être dramaturge?

«C'est probablement moins difficile d'être produit parce que, quand on est arrivé, la culture venait d'ailleurs et il fallait se battre. Ils n'ont plus ce problème-là. C'est sûr que les directeurs de théâtre sont plus ouverts. La preuve en est Jean-Duceppe cette année, qui fait cinq créations, dans un théâtre de 850 places, c'est quand même exceptionnel. Et cela aurait été absolument impensable il y a 40 ans! Mais pour ce qui est de l'écriture, cela reste pareil. Aussi, on reste un petit marché.... C'est sûr que c'est difficile d'être un artiste en général. Ça, ça ne changera pas. (Moi je gagne bien ma vie parce que mes pièces sont jouées partout dans le monde, c'est bien évident.)

- Des dramaturges québécois préférés?

Je ne vous donnerai pas un seul nom. Il y en a 10, 15, 20... J'aime beaucoup René-Daniel Dubois, Serge Boucher...

________________________________________________________________________________________________

Lisez notre dossier complet sur le théâtre québécois dans le cahier Arts et spectacles de La Presse de samedi.