Duda Paiva voyage depuis cinq ans avec Angel. Il a récolté des éloges et remporté des prix un peu partout sur sa route, tant en Amérique du Sud qu'en Europe. La rumeur qui a précédé son passage à La Chapelle, où il se produit jusqu'à samedi, était donc plus que favorable. Avec raison.

Danseur de formation, le Néerlandais d'origine brésilienne dit s'être intéressé à l'art de la marionnette par désir de fuir l'abstraction de la danse et par attrait pour l'humour. Angel, qui fut son premier spectacle solo, se révèle étonnamment drôle malgré son étrangeté. Drôle comme dans ironique et comme dans humour grinçant.

L'argument tient en une ligne: dans un cimetière, un clochard un peu rond se retrouve face à un angelot de pierre animé. S'agit-il d'un envoyé du ciel? D'une simple fabulation née de l'ivresse? Honnêtement, même à la fin du spectacle, on n'en sait trop rien. Malgré quelques amusantes pirouettes, le texte est chétif et le scénario demeure flou.

Angel, à situer quelque part entre la danse et le théâtre, est d'abord un spectacle de sensations. Duda Paiva est un interprète charismatique, magnétique même, et forcément physique. Et c'est précisément sa façon de bouger, d'exister physiquement sur scène tout en faisant corps avec sa marionnette qui épate.

Ce solo est en fait un duo pour un seul homme. Duda Paiva joue continuellement avec le regard du spectateur et, dans un mouvement précis et gracieux, le fait glisser de sa marionnette à lui, conférant à chacun une identité et un tempérament propres. L'illusion est si saisissante qu'on oublie parfois que cet angelot de pierre est manipulé par l'être en chair et en os qui se trouve à ses côtés. L'adresse du manipulateur lui permet même de faire croire à l'existence de deux êtres distincts alors qu'ils se battent l'un contre l'autre.

Si le côté humoristique du spectacle provient de ce qu'il affiche (l'artiste s'amuse avec les conventions théâtrales), sa force tient à ce qu'il cache, c'est-à-dire la technique et l'effort physique. De la magie pure au service d'un conte sur la mort.

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Angel est encore à l'affiche vendredi et samedi, à 20 h, à La Chapelle.