«Se quitter, trop difficile», chante Daniel Bélanger. La chanson parle de sa relation avec la musique, mais elle peut très bien s'appliquer aux histoires d'amour... ou d'amitié. Elle va d'ailleurs parfaitement aux comédiens Guylaine Tremblay et Denis Bouchard qui, au lieu de couper le cordon après sept années à jouer ensemble à la télé, étirent le plaisir (ou l'inévitable rupture) en se donnant rendez-vous au théâtre.

«On savait qu'on ne rejouerait pas ensemble à la télé avant un bon bout de temps. Comme on a beaucoup de plaisir à le faire, on s'est dit que le seul moyen d'y arriver pour le moment, c'était le théâtre», expose la comédienne, attablée dans un hôtel du Vieux-Montréal. Denis Bouchard, assis à ses côtés, ajoute que c'est une belle façon de marquer le pas, de passer à autre chose.

 

Puisqu'ils avaient besoin d'un auteur, ils se sont tout naturellement tournés vers Annie Piérard et Bernard Dansereau, les auteurs d'Annie et ses hommes. Ça se joue à deux est la première pièce du tandem. «Ce qu'ils ont écrit, c'est une vraie pièce de théâtre. On ne pourrait pas faire ça à la télé, précise Denis Bouchard. Ce n'est pas un style télévisuel.»

Ça se joue à deux ne raconte pas une histoire, mais plusieurs. Du nouvel amour qui brille comme un sou neuf à celui qui s'est fané et ne connaît plus que les reproches, du divorce à l'amiable au coup de foudre qui veut se faire fi des différences d'âge, les auteurs multiplient les angles pour explorer la relation de couple. Seuls sur scène, Guylaine Tremblay et Denis Bouchard incarneront ces quatre couples - très jeunes ou même très vieux - et quelques autres personnages. Sans perruques, sans costumes et presque sans éléments de décor.

«On voulait revenir à l'essence du théâtre, dit la comédienne. Comme à nos débuts, quand on faisait des shows autogérés, qu'on n'avait pas une cenne, qu'on amenait notre propre linge et même notre propre téléphone, qu'on rapportait à la maison après le spectacle. On voulait retrouver cette liberté-là.»

Deux acteurs aussi connus, soutenus par deux auteurs à succès et un producteur aux reins solides (Tandem.mu), ne se produisent pas avec des moyens aussi dérisoires, bien entendu. Ça se joue à deux repose néanmoins sur un minimum d'artifices: deux chaises, une table, quelques lampes de chevet, des éclairages et le jeu des deux comédiens. «Tu ne peux te fier qu'au jeu, dans un cadre comme celui-là», dit Guylaine Tremblay.

Denis Bouchard assure que Ça se joue à deux n'est pas un produit dérivé d'Annie et ses hommes. Son propos découle toutefois indirectement de la série télé. «Jouer un couple pendant sept ans à la télévision a soulevé un certain nombre de questions: c'est quoi réussir une séparation quand ça fait 24 ans que tu es avec quelqu'un? Qu'est-ce qui fait qu'une relation peut se transformer au point de devenir l'enfer? Pourquoi est-ce qu'on répète les mêmes erreurs?» se demande-t-il.

Après six représentations de rodage, les deux acteurs s'attachaient à fignoler le spectacle, qu'ils mettent en scène eux-mêmes, sans regard extérieur. «On a toujours celui de l'autre», fait remarquer Guylaine Tremblay, qui admet ressentir un mélange de peur et d'exaltation à l'approche de la première représentation au Théâtre Saint-Denis 2.

«Pendant des années, les gens nous ont accueillis dans leur salon par le biais de la télévision, rappelle-t-elle. Là, la visite s'en vient chez nous.»

Ça se joue à deux, du 20 octobre au 14 novembre au Théâtre Saint-Denis 2, puis en tournée jusqu'en février 2010.